Le procès très médiatisé de dix ressortissants chinois accusés de diverses infractions liées à l’exploitation illicite des ressources naturelles de la RDC s’est achevé ce mardi 21 janvier 2025. À la surprise générale, le tribunal de grande instance de Bukavu, siégeant en audience foraine, a décidé de les acquitter après plusieurs jours de débats intenses.
Les prévenus étaient poursuivis pour blanchiment de capitaux, exploitation illicite des ressources minières, vol de substances minérales, entrave à la transparence et à la traçabilité dans l’industrie minière, ainsi que pour fraude et pillage des ressources naturelles. Ces accusations, portées par le ministère public, avaient suscité une vive controverse, mettant en lumière les défis de la gestion des ressources minières dans le Sud-Kivu.
Lors de son réquisitoire, l’avocat général Aimé Memedo avait requis une peine de 10 ans de servitude pénale principale et une amende de 500 000 dollars américains par prévenu. Il avait également demandé des dommages et intérêts au bénéfice des parties civiles, notamment la province du Sud-Kivu et deux entreprises minières locales, Kamituga Mining et Lugushwa Mining.
Malgré la gravité des charges retenues, le juge Byangoy Wasolo Patrice, président de la chambre, a estimé que les infractions n’étaient « pas établies en fait comme en droit ». Le tribunal a donc acquitté les dix ressortissants chinois et ordonné leur libération immédiate. Par ailleurs, les parties civiles, incluant la province du Sud-Kivu et les deux entreprises minières, ont été condamnées à supporter les frais d’instance à hauteur de trois quarts, le dernier quart étant imputé au Trésor public.
Cet acquittement intervient quelques jours seulement après la condamnation, le 14 janvier dernier, de trois autres ressortissants chinois à sept ans de prison dans une affaire similaire. Cette décision contraste fortement avec le verdict de ce dernier procès, suscitant des interrogations sur l’uniformité et la rigueur des jugements rendus dans les affaires liées à l’exploitation minière en RDC.
Le verdict a suscité des réactions contrastées au sein de l’opinion publique et des organisations locales. Si certains saluent une application stricte du principe de la présomption d’innocence, d’autres déplorent ce qu’ils perçoivent comme un échec à lutter contre l’exploitation illégale et le pillage des ressources naturelles, fléaux récurrents dans la région. Le débat reste ouvert sur les réformes nécessaires pour renforcer la transparence et la traçabilité dans le secteur minier congolais, souvent critiqué pour son manque de régulation et de contrôle efficace.
La rédaction de b-onetv.cd