Les relations entre la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont été marquées par des tensions politiques, des conflits armés, et des efforts sporadiques pour rétablir la paix. Depuis les indépendances respectives des deux pays, ces relations complexes ont évolué sous différents régimes, influencées par des considérations ethniques, géopolitiques et économiques.

Sous le régime de Mobutu Sese Seko (1965-1997), les relations entre la RDC (alors Zaïre) et le Rwanda étaient marquées par des alliances opportunistes. Mobutu a utilisé les divisions ethniques dans la région des Grands Lacs pour asseoir son pouvoir. À partir des années 1970, il a accueilli des réfugiés tutsi rwandais, fuyant les persécutions du régime hutus au Rwanda. Cette politique a semé les germes des tensions futures, les communautés hutu et tutsi, notamment les Banyamulenge (Tutsis congolais), devenant des acteurs clés dans les conflits régionaux.
Les années 1990 ont vu l’exacerbation des tensions avec le génocide rwandais de 1994, au cours duquel près de 800 000 Tutsis et Hutus modérés ont été massacrés. Après le génocide, des millions de Hutus, y compris des membres des Forces Armées Rwandaises (FAR) responsables des massacres, ont fui vers l’Est du Zaïre, provoquant une instabilité régionale.
En 1996, l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL), soutenue par le Rwanda de Paul Kagame et par l’Ouganda, a renversé Mobutu lors de la première guerre du Congo (1996-1997). Laurent-Désiré Kabila, à la tête de l’AFDL, a pris le pouvoir en s’appuyant sur l’appui militaire rwandais, ce qui a renforcé l’influence de Kigali en RDC.

Cependant, cette alliance s’est rapidement effondrée. En 1998, Laurent-Désiré Kabila a expulsé les troupes rwandaises de la RDC, déclenchant la deuxième guerre du Congo (1998-2003). Ce conflit a impliqué plusieurs pays africains, les forces rwandaises soutenant les rebelles du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) contre le gouvernement congolais. Cette guerre a exacerbé les tensions ethniques dans l’Est, en particulier entre les Hutus, les Tutsis et les communautés locales.
Après l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila en 2001, son fils, Joseph Kabila, a hérité d’un pays en guerre. Il a tenté de rétablir des relations avec le Rwanda en signant l’accord de Pretoria en 2002, mettant officiellement fin à la guerre. Cet accord prévoyait le retrait des troupes rwandaises de la RDC et le désarmement des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé hutu actif dans l’Est de la RDC.
Malgré ces efforts, les relations sont restées tendues. Le Rwanda a continué à accuser la RDC d’abriter des groupes hutus responsables du génocide, tandis que la RDC accusait le Rwanda de soutenir des rébellions, notamment le M23 (2012-2013). Les Banyamulenge, souvent perçus comme des alliés du Rwanda, ont été marginalisés, exacerbant les conflits locaux.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019, les relations entre la RDC et le Rwanda ont connu des hauts et des bas. Au début, Tshisekedi a cherché à apaiser les tensions en renforçant la coopération économique et sécuritaire avec Paul Kagame. Cependant, la résurgence du M23 en 2022, accusé d’être soutenu par le Rwanda, a plongé les relations dans une nouvelle crise.
En 2023, Félix Tshisekedi a annoncé une rupture diplomatique avec le Rwanda, accusant Kigali de soutenir des groupes armés déstabilisant l’Est de la RDC. Cette décision a été motivée par la détérioration de la situation sécuritaire dans le Nord-Kivu, où des millions de personnes restent déplacées à cause des violences.
Les tensions entre la RDC et le Rwanda sont alimentées par des intérêts économiques, notamment le contrôle des ressources minières de l’Est congolais, et par des rivalités ethniques historiques. Les FDLR, les Banyamulenge, et d’autres groupes armés continuent d’être des acteurs clés de cette instabilité. La récente rupture diplomatique souligne la difficulté à résoudre ces conflits enracinés. Les efforts internationaux, notamment par la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la MONUSCO, n’ont pas encore abouti à une paix durable.

Depuis l’indépendance, les relations entre la RDC et le Rwanda oscillent entre périodes de coopération et crises profondes. Chaque régime congolais, de Mobutu à Félix Tshisekedi, a dû naviguer entre pressions internes et ambitions régionales rwandaises. Une paix durable nécessite des solutions inclusives qui tiennent compte des dynamiques locales, des intérêts nationaux et des impératifs régionaux.
La rédaction de b-onetv.cd