Le parlement a adopté la loi sur la répartition des sièges, le Président de la République l’a promulgué et la voie est désormais ouverte pour la tenue effective des élections générales au 20 décembre 2023. Après le repêchage des électeurs du territoire de Kwamouth annoncé incessamment dans le Maï-Ndombe, plus rien ne pourra justifier un quelconque glissement du pouvoir au-delà du délai constitutionnel. A quelle étape se situe le processus électoral en République Démocratique du Congo ? Qu’est-ce qui reste à faire? Et comment les parties prenantes, notamment les partis politiques s’y apprêtent-ils ? Malgré les critiques qui ont précédé et succédé à l’installation du bureau Kadima, la Commission Électorale Nationale Indépendante a continué à rassurer sur sa volonté d’offrir aux congolais des élections plus ou moins différentes. Différentes dans l’échelonnement des étapes d’un processus laborieux, surtout différentes en termes de transparence et de crédibilité, mais ça reste encore à prouver, l’issue des élections nous en dira davantage.
Mais jusqu’ici la Centrale Électorale a réussi à publier son calendrier des opérations électorales et à faire promulguer la loi électorale, après les débats au parlement qui ont abouti en queue de poisson entre la majorité de l’Union Sacrée et l’opposition. Il faut noter également l’enrôlement de plus de 40 millions d’électeurs, même si les zones en insécurité dans l’Est et le territoire de Kwamouth à l’ouest n’ont pas toutes étaient couvertes à temps par ces opérations. L’audit du fichier électoral, c’est l’autre sujet qui a farouchement opposé les partis de l’opposition appuyés par les églises catholique et protestante, contre la CENI. La résolution de la centrale électorale de faire recours à l’expertise nationale, à défaut de celle de l’organisation internationale de la francophonie qui, elle avait décliné l’offre, a encore renforcé le doute de l’autre camp sur la fiabilité même du fichier électoral déjà constitué. Qu’à cela ne tienne, la CENI a encore remporté cette bataille et passé à l’autre étape, justifiant sa détermination à tenir dans le délai du 20 décembre 2023.
Entre ce qui est fait et ce qui reste à faire, le temps s’annonce court jusqu’à la date des élections. D’où, la CENI s’attelle maintenant à la formation des principaux agents des opérations électorales proprement dites. Il s’agit du personnel des bureaux de réception et traitement des candidatures au niveau central pour la présidentielle et de chaque circonscription pour les législatives nationales, provinciales, municipales et locales. Mais le moment solennel est celui de la convocation du corps électoral, prévu constitutionnellement 90 jours avant la date des élections, c’est-à-dire au début de la 2e quinzaine du mois de juillet prochain.
Si le gouvernement, l’unique bailleur de fonds, rassure autour des moyens exigés pour le financer tout le processus, les défis cependant, persistent principalement au niveau sécuritaire et logistique. C’est ici que les forces de l’ordre seront mises à profit pour la sécurisation d’un processus menacé par l’insécurité créée par le Rwanda à l’Est du pays et dans l’ouest par le conflit ethnique entre Yaka et Teke dans le Maindombe. Mais d’abord il faudrait rassurer sur la sécurité avant, pendant et après la campagne électorale, aussi avant le déploiement des kits et matériels électoraux sur toute l’étendue du territoire congolais. Les mois qui viennent s’annoncent mouvementés avec une ambiance particulière liée aux joutes électorales.
Les acteurs impliqués, les partis et leaders politiques notamment, sont-ils tous prêts à participer aux élections générales prévues le 20 décembre prochain ? Du côté du pouvoir sortant, la confiance y est, et avec leur champion les soutiens s’accumulent. Dans l’opposition, rien de ce qui se prépare n’est bon. Déjà les lois promulguées sont toutes remises en cause et la composition du bureau de la CENI avec Kadima en tête n’a jamais été digérée. D’où tout le processus est biaisé d’avance, selon le bloc Fayulu, Katumbi, Matata et Sesanga, sans oublier les églises catholique et protestante qui continuent à souffler le chaud tantôt le froid. Mais au-delà de tout, la CENI et le gouvernement tiennent au respect du calendrier des élections et du délai constitutionnel, pour lequel l’organisation des élections est un impératif.
Constantin Ntambwe