La ville stratégique de Goma, dans la province du Nord-Kivu, connaît une accalmie relative après plusieurs jours d’intenses combats entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23. Mais la situation reste très volatile. L’incertitude demeure quant au contrôle effectif de certains points stratégiques, notamment l’aéroport international de Goma. Plusieurs sources indiquent que le M23 occuperait une grande partie de la ville, bien que l’information ne soit pas officiellement confirmée par les autorités congolaises.
La population vit dans des conditions extrêmement précaires. Depuis le 26 janvier, l’eau et l’électricité sont coupées à Goma, et l’accès à Internet a été interrompu le 27 janvier, compliquant la communication et la coordination des secours. Seuls les réseaux de téléphonie mobile restent opérationnels. Les pillages de commerces, de bureaux et d’entrepôts d’organisations humanitaires ont été signalés, tandis que des agressions sexuelles attribuées à des éléments armés ont été rapportées par des sources humanitaires.
Les rues de Goma sont jonchées de corps sans vie, mais aucun chiffre officiel n’a encore été communiqué sur les pertes humaines. « Il est difficile d’établir un bilan exact, mais les pertes pourraient être significatives », a confié une source humanitaire. Les structures de santé sont dépassées par l’afflux massif de blessés. L’hôpital de Ndosho a enregistré plus de 256 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), tandis que Médecins Sans Frontières a signalé avoir pris en charge plus de 61 blessés à l’hôpital de Kyeshero. L’absence d’eau et d’électricité complique encore davantage la prise en charge médicale.
L’évacuation des blessés devient de plus en plus difficile, certaines ambulances ayant été prises pour cible. Un chauffeur d’ambulance a été touché par balle le 28 janvier, illustrant l’extrême dangerosité du terrain pour les secours. Les habitants de plusieurs sites de déplacés, notamment Kanyaruchinya, Bushagara, Rusayo 1 et Rusayo 2, ont fui les violences. Beaucoup cherchent refuge dans des écoles et d’autres infrastructures collectives, tandis que d’autres tentent de rejoindre le centre de Goma.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU alerte sur une possible détérioration de l’ordre public à Goma, après l’évasion massive de 4.763 prisonniers de la prison centrale de Muzenze survenue lundi 27 janvier. Cette évasion pourrait aggraver la situation sécuritaire déjà précaire dans la ville.
Face à l’urgence de la situation, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en session spéciale ce mardi soir pour discuter de la crise en cours à l’Est de la RDC. Plus tôt dans la journée, le Secrétaire général des Nations-Unies, António Guterres, s’est entretenu par téléphone avec le Président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame. D’après Stéphane Dujarric, porte-parole de l’ONU, ces discussions ont principalement porté sur la nécessité de protéger les civils.
En réaction à l’intensification des combats et à la perte de Goma, le Président Félix Tshisekedi a nommé le général-major Somo Kakule Evariste au poste de gouverneur militaire du Nord-Kivu, en remplacement du général-major Peter Cirimwami, tué lors des affrontements. Alors que la tension reste vive et que la population attend des mesures concrètes, l’adresse du Chef de l’État à la Nation se fait toujours attendre. L’évolution des événements dans les prochaines heures sera déterminante pour la suite du conflit et pour le sort des milliers de civils pris au piège des combats.
La rédaction de b-onetv.cd