Samedi 4 mars 2023, dernier jour d’une visite mouvementée d’Emmanuel Macron à Kinshasa. Le Chef d’Etat français dans une virée privée a côté de la stars congolaise Fally Ipupa débarque dans la commune de Bandalungwa, cette imaginaire commune française d’outre-terre. Mais ce soir là Bandal c’était encore plus un peu Paris en accordant son hospitalité au premier des français. En posant ses tentacules sur cette cité réputée d’ambiance chaude de Kinshasa, Emmanuel Macron a t-il testé le cœur des kinois qui hier hostiles à sa venue ? Le Président français a t-il finalement conquis le cœur des congolais ? Décryptage d’une visite controversée et d’une relation en dent de scie entre la République démocratique du Congo et la France.

Tapis rouge déroulé, cérémonial régalien mobilisé, c’est nuitamment que l’avion du Président français a atterri à Kinshasa capitale de la République Démocratique du Congo. Reçu dans la journée au Palais de la Nation par son homologue Félix Tshisekedi, Emmanuel Macron s’est incliné devant le drapeau congolais, pour la traditionnelle revue des troupes _ rangées au garde-à-vous. S’en est suivi un tête à tête au salon d’honneur, avant une conférence de presse conjointe où la langue de bois a laissé place à quelques vérités crues.

Déjà, les voix se sont levées pour s’opposer à cette visite d’Emmanuel Macron. Plusieurs congolais, notamment les mouvements citoyens accusent la France de soutenir le Rwanda qui maintient son industrie du sang pour des terres et des minerais de la RDC.
D’autres comme le parti présidentiel l’udps, avait appelé ses combattants à réserver un accueil chaleureux au Président français. Entre temps les analystes trouvent dans ce voyage une occasion pour Kinshasa d’exiger à Paris de choisir clairement son camp en proposant des sanctions contre le pouvoir sanguinaire de Kigali.
Pour comprendre les mobiles de ce voyage hautement stratégique à Libreville, Luanda, Brazzaville et à Kinshasa, il faut trouver les raisons dans le nouveau rôle que le pays d’Emmanuel Macron veut jouer face aux appétits nourris de la Russie et de la Chine sur la chasse gardée des puissances occidentales. »La coopération » est le gros et seul mot qui apparaît au menu de ce long periple. Mais son enjeu est énorme dans les ambitions à peine voilées des industriels français d’avoir part aux minerais stratégiques du sous-sol congolais. Les discussions officielles étaient axées sur l’éducation, la santé et la défense. Mais parce que l’objectif est de reprendre le terrain qui bascule peu à peu en faveur de la Chine, la France va construire plus de 200 ponts dans les 3 prochaines années pour un peu plus de 85 millions d’euros. L’accord entre l’Office des Routes et l’entreprise française MATIERE a été conclu avant même l’arrivée de Président Macron.

Dans les apparences, les relations entre Kinshasa et Paris s’affichent sans tâche, pourtant l’agression rwandaise dans l’Est du pays de Lumumba a dégagé les responsabilités de la communauté internationale et particulièrement celles de la France. Quels sont les intérêts Francais en République Démocratique du Congo ? Existe-t-il un passé fâcheux que les deux Etats ont du mal à digérer ? A quel point l’hexagone peut peser de son poids pour aider la RDC à se délivrer de l’instabilité politique et sécuritaire qui l’a trop traîner dans le sous-développement ? Des questions dont l’opinion publique congolaise attend des réponses à la suite d’une visite un peu controversée.
Pour se faire une idée de ce que le Congo Kinshasa représente pour la France, il faut remonter à la conférence de Berlin en 1885 où les 14 puissances mondiales avaient laisser la gouvernance de l’État Indépendant du Congo à la Belgique, mais sans le céder. Les États-Unis, l’Allemagne, le Portugal, la Grande-Bretagne, l’Italie, y compris la France pour ne citer que ceux-là, ne gardent ils pas encore l’oeil ouvert sur la RDC, prétendant en détenir toujours un droit de présomption? Cette première position déjà, confère à la France le statut de partenaire traditionnelle et privilégiée de la RDC. C’est dans cette réciprocité, que la France revient pour trouver sa part dans ce que la RDC propose comme solutions pour le futur dans le domaine énergétique et écologique. Le lithium, le cobalt ou le coltan de la RDC, sont au coeur des enjeux économiques majeurs pour le développement des technologies modernes, dont la France veut se garantir pour ses entreprises futuristes.
Aussi, la RDC est le 1er pays francophone par son étendue et son importante population – environ 100 millions d’habitants, elle est la nation qui compte plus des locuteurs de la langue française au monde. Un avantage que Paris n’acceptera jamais de perdre, du fait que sa langue fait partie des moyens de communication et de socialisation des congolais. Pour la réciprocité, la RDC et la France ont toujours travaillé du mieux que possible pour garder leurs relations diplomatiques, surtout les maintenir moins tumultueuses.
Mais tenez! Après »l’indépendance donnée » en 1960, la France et tout le bloc occidental avaient accompagner le regime de MOBUTU qui mit fin au règne de Kasavubu par coup d’État en 1965. Chouchou de la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France, le Maréchal était adulé par les présidents français Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac. Mais c’est au cours des décennies 80 et 90 que MOBUTU était devenu, l’homme à surveiller, à cause du totalitarisme qui avait caractérisé son régime à l’époque. Ses péchés, la nationalisation des entreprises étrangères dans l’opération baptisée »zairianisation », l’assassinat de l’ambassadeur français en poste à Kinshasa au lendemain des pillages en 1993, mais aussi l’accident de voiture à Menton en France de l’ambassadeur Ramazani BAYA, provoquant la mort de deux adolescents de 13 ans en 1996.

Mais selon les analystes, la France avait trouvé l’occasion de lâcher le pays de MOBUTU lorsqu’elle a demandé au Gouvernement du Zaïre, d’ouvrir un couloir humanitaire pendant l’opération turkoise, en faveur des réfugiés rwandais qui fuyaient le génocide dans leur pays. C’est en ce moment que les génocidaires rwandais se sont infiltrés dans les vagues des réfugiés, et ont créé depuis, des mouvements armés qui endeuillent la RDC depuis presque 30 ans. Grâce à la 1ere guère qui a porté Mzée Laurent Désiré Kabila au pouvoir en 1997 et la 2e menée par le RCD et consorts en 1998 jusqu’à ce jour, plus ou moins 10 millions des congolais ont périt et 5 autres millions déplacés et réfugiés vivent dans les conditions difficiles.
Pour limiter la circulation des armes dans les zones de conflits, la France comme membre permanent du conseil de sécurité des Nations-Unies, a fait voter un embargo d’achat d’armes par la RDC en 2008. Cette situation n’a pas favorisé l’armé congolaise face aux menaces quotidiennes des rebellions, qui ont occupé certains territoires riches du pays, au profit de leurs maîtres étrangers. L’exploitation et le trafic illégal des minerais congolais fournis aux industriels occidentaux et asiatiques ont dans la foulé boosté les économies des voisins comme le Rwanda, l’Ouganda et d’autres au mépris de la vie des autochtones congolais. Bien qu’ayant réussi à enlever l’embargo et le régime de notification sur l’achat des armes par la RDC dernièrement, la France a été aussi dénoncé par l’opinion internationale et nationale pour avoir maintenu son soutien à la montée en puissance de l’armée rwandaise.

Les crimes commis en Rdc par le régime de Kigali sous couvert des mouvements armés, sont en partis documentés et consignés dans les rapports des experts aussi bien des Nations-Unies, qui ont tous convergé sur la responsabilité de certains pays voisins, principalement le Rwanda. Avec la présence d’Emmanuel Macron à Kinshasa, la RDC attend des sanctions de la communauté internationale contre le Rwanda et les condamnations plus claires de la bouche du Président français – condamnations que nous avons réussi à obtenir jusqu’ici qu’à demi-mots.
La rédaction de b-onetv.cd