La Haute cour militaire de la République démocratique du Congo a rendu un verdict historique ce mardi 30 septembre : l’ancien président Joseph Kabila est condamné à la peine capitale pour trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. L’annonce, attendue depuis plusieurs semaines, plonge la scène politique congolaise dans une nouvelle zone de turbulence.
Le ministère public avait requis la peine de mort dès le 22 août, accusant l’ancien chef de l’État d’avoir dirigé et soutenu les actions de l’AFC/M23, groupe rebelle actif à l’Est du pays. Les juges ont suivi cette réquisition, rejetant toute circonstance atténuante. Dans son arrêt, la Cour décrit Kabila comme le « chef incontesté » de la coalition rebelle, affirmant qu’il aurait participé à des réunions d’état-major à Goma et Bukavu, supervisé des centres d’instruction et organisé la logistique de plusieurs insurrections.
Cette décision intervient après un long feuilleton judiciaire. Le 12 septembre, Joseph Kabila, en exil selon ses propres déclarations, avait sollicité l’audition de témoins et la présentation de nouvelles preuves, une requête rejetée par les juges. Le prononcé du jugement, d’abord prévu pour le 19 septembre, avait été reporté à la date de ce mardi. Le volet sur sa nationalité, soulevé par les parties civiles qui le présentaient comme « Rwandais », a été écarté. La Cour s’est déclarée incompétente sur cette question, renvoyant le débat vers le gouvernement.
Absent de l’audience, l’ancien président avait réagi depuis son lieu d’exil, affirmant qu’il est victime d’un procès politique destiné à effacer son héritage à la tête du pays (2001–2019). Ses proches dénoncent une « cabale » orchestrée par le pouvoir actuel, alors que ses opposants saluent une « victoire de la justice ». La Cour a toutefois rejeté la demande de mise sous séquestre de ses biens, formulée par l’auditeur général des FARDC.
La condamnation à mort d’un ancien chef de l’État est sans précédent en RDC. Elle risque d’accentuer les fractures politiques et de rallumer les tensions dans l’Est du pays, où les groupes armés continuent de déstabiliser la région. Au-delà du dossier judiciaire, ce verdict soulève des interrogations sur l’avenir du système politique congolais : s’agit-il d’un tournant décisif pour la justice militaire ou d’un signal inquiétant de l’instrumentalisation des institutions ?
Junior Kulele


