L’ancien président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila, est sorti de son silence médiatique après plusieurs années d’absence. Dans une interview accordée à la télévision nationale namibienne le 3 mars 2025, il s’est exprimé sur la situation sécuritaire en RDC, en particulier la guerre dans l’Est, et a répondu indirectement aux accusations de son successeur, Félix Tshisekedi, qui le soupçonne d’être derrière l’Alliance Fleuve Congo (AFC).
Alors que le Président Félix Tshisekedi a récemment désigné Joseph Kabila comme un des instigateurs de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), groupe armé impliqué dans le conflit dans l’Est aux côtés du M23, l’ancien président n’a pas directement réagi à ces accusations. Cependant, il a insisté sur la nécessité d’un dialogue entre Congolais pour résoudre la crise.
« Il n’y a pas un médiateur étranger qui connaît le Congo plus que les Congolais eux-mêmes », a déclaré Joseph Kabila, suggérant que toute tentative de solution imposée de l’extérieur serait vouée à l’échec. Il a également appelé au retrait des forces étrangères présentes sur le sol congolais, estimant que cela constituerait un premier pas vers la paix.
Dans son intervention, l’ancien chef d’État a tenu à réaffirmer sa place dans le débat politique et sécuritaire congolais. « Je suis très disponible pour servir notre pays, notre peuple et la région », a-t-il affirmé, tout en soulignant qu’il avait encore de l’énergie pour continuer à jouer un rôle. Il n’a cependant pas précisé sous quelle forme il pourrait revenir sur la scène politique, se contentant de dire : « Seul Dieu connaît » son avenir.
Joseph Kabila, qui a dirigé la RDC de 2001 à 2019, s’est également voulu rassurant face à la crise actuelle. « Nous savons surmonter nos montagnes, nous sommes dans une vallée mais nous saurons surmonter cette autre montagne », a-t-il déclaré, exprimant ainsi sa conviction que la solution viendra de l’intérieur du pays et non d’une intervention extérieure.
Ces déclarations interviennent dans un contexte de tensions politiques croissantes entre l’actuel pouvoir et l’opposition issue du camp Kabila. L’accusation du Président Tshisekedi contre son prédécesseur, l’assimilant à un acteur de la rébellion AFC, traduit une volonté de marginaliser son influence sur la scène nationale.
En affirmant son engagement et sa disponibilité, Joseph Kabila cherche à se repositionner comme une figure incontournable dans la gestion de la crise congolaise. Son plaidoyer pour une solution interne et contre toute médiation extérieure peut être perçu comme une critique implicite de la politique de Félix Tshisekedi, qui s’appuie sur des alliances régionales et internationales pour tenter de stabiliser l’Est du pays.
Si Joseph Kabila se montre prudent quant à son avenir politique, ses sorties médiatiques répétées laissent entendre qu’il ne compte pas rester en retrait indéfiniment. Son discours axé sur la souveraineté et la résolution interne des conflits pourrait séduire une frange de la population lassée des ingérences extérieures.
Reste à savoir comment Félix Tshisekedi et son gouvernement réagiront à cette prise de parole de l’ancien président. Une chose est sûre : la guerre politique entre les deux hommes ne fait que commencer.
Feza Micka