Le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, a vivement condamné les récents affrontements sanglants qui ont ravagé la ville de Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo. Selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en date du 31 janvier 2025, pas moins de 773 corps ont été dénombrés, alors que d’autres victimes joncheraient encore les rues en état de décomposition avancée. À ces pertes humaines s’ajoutent près de 3 000 blessés, laissés sans assistance médicale suffisante.
Pour le Dr Mukwege, ces massacres viennent alourdir le bilan déjà dramatique des guerres qui ensanglantent la RDC depuis plus de trois décennies, causant la mort de plus de six millions de personnes. Une fois de plus, la communauté internationale est mise face à ses responsabilités. « La communauté internationale ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas », martèle-t-il, rappelant que de nombreux rapports de l’ONU ont documenté l’implication du Rwanda et de ses supplétifs du M23 dans ces conflits. Pourtant, déplore-t-il, aucune sanction efficace n’a été mise en place pour arrêter ces violations du droit international et humanitaire.
Le médecin congolais pointe du doigt les grandes puissances, notamment l’Union Européenne et plusieurs pays occidentaux, qui continuent de coopérer avec le Rwanda malgré son rôle dans l’instabilité de la RDC. Ces soutiens financiers, souvent sous couvert d’aide au développement, alimentent indirectement la machine de guerre rwandaise et le pillage des ressources minières congolaises.
Le Dr Mukwege dénonce avec force l’indifférence de la communauté internationale face au drame congolais, comparant la situation de la RDC à celle de l’Ukraine : « Comparée à l’intervention de l’Occident dans la guerre de l’Ukraine, celle du Congo est une guerre négligée. Les vies congolaises n’ont objectivement pas de valeur suffisante pour mériter une attention. » Ce silence complice, selon lui, traduit une politique de « deux poids, deux mesures », où les valeurs humanistes universelles s’effacent devant des intérêts économiques et stratégiques.
Face à cette tragédie, Mukwege exhorte la communauté internationale à agir immédiatement pour stopper cette guerre. Il propose trois mesures concrètes : Mettre fin aux aides militaires et financières accordées au Rwanda et lui imposer des sanctions économiques sévères ; Appliquer l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba, signé en 2013 par 11 pays africains ainsi que des organisations internationales, et qui offre une base pour une paix durable dans la région ; Organiser une Conférence Internationale pour la Paix en RDC et dans les Grands Lacs, en soutien à l’initiative du Pacte de la Paix porté par l’Église catholique (CENCO) et les Églises protestantes du Congo (ECC).
Par ailleurs, le Dr Mukwege milite pour un commerce éthique des ressources congolaises, plaidant en Europe pour un modèle de « Business for Peace », qui garantirait un approvisionnement responsable des matières premières stratégiques tout en favorisant la stabilité et le développement en RDC. En conclusion, Denis Mukwege appelle le peuple congolais à s’unir autour de la quête de la paix et à soutenir les initiatives locales et internationales visant à mettre fin au cycle des violences. Il exprime sa compassion aux populations meurtries de Goma et du Nord-Kivu, ainsi qu’aux familles des soldats tombés au combat. « Tenez bon, mes chers compatriotes, Dieu est pour nous. »
Dans un contexte où la guerre semble s’intensifier dans l’est du pays, le Dr Mukwege réaffirme son engagement indéfectible à poursuivre son combat pour la paix, refusant de laisser l’histoire de la RDC être écrite dans le sang et l’indifférence du monde.
La rédaction de b-onetv.cd