Le Gouvernement congolais a décidé de s’attaquer à l’anarchie qui règne dans l’exercice de la profession pastorale en République Démocratique du Congo. Ce vendredi, le Ministre de la Justice, Me Constant Mutamba, a officiellement lancé à Kinshasa l’opération d’identification gratuite de tous les pasteurs œuvrant dans le pays. Cette initiative, qui commence dans la capitale, sera étendue à toutes les provinces dans les semaines à venir.

L’objectif affiché par les autorités est clair : mettre fin à la prolifération incontrôlée des églises dites de réveil et encadrer une profession souvent entachée de scandales et d’abus. Ces dernières années, le paysage religieux congolais a été marqué par l’émergence d’un grand nombre de pasteurs autoproclamés, souvent sans formation théologique adéquate ni reconnaissance officielle. Certains sont accusés de pratiques douteuses : escroqueries, manipulations mentales, violations des droits humains et exploitation financière de fidèles vulnérables.
« Il ne s’agit pas de combattre la liberté religieuse, mais de garantir un minimum d’ordre et de respect des règles. Nous voulons savoir qui est qui dans le secteur pastoral », a déclaré Me Mutamba lors du lancement de l’opération. Il a insisté sur la gratuité du processus et appelé les pasteurs à coopérer pour « la crédibilité du ministère pastoral ».
Cette mesure gouvernementale intervient dans un contexte où l’État congolais souhaite mieux réguler les confessions religieuses, longtemps livrées à elles-mêmes. Elle s’inscrit également dans une série de réformes visant à renforcer la moralité publique et la transparence dans les secteurs d’influence sociale.
Certains leaders religieux saluent cette initiative, y voyant une opportunité de restaurer l’honneur du pastorat. D’autres, plus critiques, y voient une tentative de contrôle politique du religieux. Mais pour les autorités, il s’agit avant tout d’un acte de salubrité publique.
L’identification des pasteurs pourrait déboucher sur une reconnaissance officielle, voire sur un système d’accréditation ou de certification. Le gouvernement n’a pas encore précisé les prochaines étapes, mais l’opération, selon le ministère de la Justice, pourrait bien aboutir à un registre national des ministres du culte.
L’avenir dira si cette volonté de structurer le secteur religieux en RDC sera couronnée de succès dans un pays où foi et politique se croisent souvent, et où l’Église joue un rôle central dans la vie quotidienne des citoyens.
Junior Kulele