Le prix du passeport congolais va bientôt être revu à la baisse. Le Président Félix-Antoine Tshisekedi a annoncé, lors de la 39ᵉ réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 11 avril 2025 à la Cité de l’Union Africaine, que le passeport ordinaire biométrique sera désormais fixé à 75 dollars américains.
Cette décision s’inscrit dans la continuité des engagements pris par le chef de l’État en 2019, année au cours de laquelle il avait déjà abaissé le coût du passeport à 99 dollars. Le Président Tshisekedi entend ainsi alléger davantage le fardeau financier pesant sur les citoyens, tout en affirmant une vision de gouvernance centrée sur la justice sociale, l’efficacité administrative et l’équité.
« Il s’agit d’un droit fondamental : celui de pouvoir s’identifier et circuler librement sans que des obstacles financiers n’en constituent un frein », a insisté le Président lors de sa communication.
Le chef de l’État a précisé que cette réforme devra s’exécuter avec rigueur, dans le respect des engagements contractuels actuels, afin de préserver la crédibilité de l’État et garantir la paix sociale. Il a ainsi instruit la ministre d’État en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, de présenter rapidement un calendrier précis de mise en œuvre, en collaboration avec les ministres du Budget et des Finances.
Cette réforme intervient dans un contexte de transition vers un nouveau fournisseur de passeports. Le contrat avec la firme belge Semlex, source de nombreuses critiques et d’enquêtes pour corruption, a officiellement pris fin en juin 2020. Toutefois, dans les faits, une filiale de Semlex a continué à imprimer les passeports congolais pendant près de quatre années supplémentaires.
Le gouvernement congolais a finalement tourné cette page en sélectionnant en décembre 2022 la société allemande Dermalog pour la production des passeports, à l’issue d’un appel d’offres international. Ce nouveau contrat, d’une durée de cinq ans et d’un montant de 48 millions de dollars, prévoit la délivrance de documents plus modernes, hautement sécurisés et conformes aux standards internationaux. « Avec Dermalog, la RDC entre dans une nouvelle ère de l’identification sécurisée », avait alors déclaré la ministre Thérèse Kayikwamba Wagner.
L’annonce présidentielle survient dans un contexte où l’accès au passeport congolais est devenu un véritable casse-tête pour les citoyens. La lenteur des processus, le manque de transparence et la faiblesse des capacités d’impression ont paralysé le système. À son apogée, le pays pouvait produire plus de 1 000 passeports par mois ; ce chiffre était tombé à seulement 400 en 2023 sous l’ancienne gestion.
L’option de recourir temporairement à Locosem, après la rupture avec Semlex, n’a pas permis de corriger les dysfonctionnements. Des enquêtes journalistiques récentes ont par ailleurs révélé que, malgré l’arrêt officiel du contrat, Semlex continuait à bénéficier de cette situation provisoire qui lui aurait rapporté plusieurs millions de dollars.
Avec la mise en œuvre de la nouvelle tarification et le passage à Dermalog, le gouvernement congolais espère non seulement améliorer l’accès au passeport, mais aussi renforcer la transparence et l’efficacité dans ce secteur longtemps miné par les irrégularités.
La rédaction de b-onetv.cd