Le jeudi 15 août 2025 marquera un moment crucial au Sénat de la République démocratique du Congo. La chambre haute du Parlement est appelée à examiner le réquisitoire de l’auditeur général près la Cour militaire visant Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République et sénateur à vie. L’annonce a été faite par la rapporteure du Sénat, Néfertiti Ngudianza, dans un communiqué publié ce mardi.
Ce réquisitoire, déposé le 30 avril 2025, sollicite la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila et l’autorisation d’engager des poursuites judiciaires à son encontre. Les accusations, lourdes, portent notamment sur des faits présumés de trahison, crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel, et crimes contre l’humanité. Des charges que le ministre d’État à la Justice, Constant Mutamba, a publiquement relayées dans une vidéo officielle.
Selon le ministre Mutamba, ces poursuites répondent à un impératif de justice et visent également certains cadres du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation politique de l’ancien président. Bien que ces derniers ne soient pas encore nommément identifiés, le ministre a confirmé que des biens mobiliers et immobiliers leur appartenant ont d’ores et déjà été saisis par la justice.
Cette démarche judiciaire s’inscrit dans la lignée des récentes déclarations du Président Félix Tshisekedi, qui a accusé à deux reprises son prédécesseur d’adopter une posture insurrectionnelle et d’être en connivence présumée avec les groupes armés AFC et M23. Ces milices sont au cœur de l’instabilité qui secoue les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
En réaction, le Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme politique pro-Kabila, dénonce ce qu’il considère comme une violation flagrante de la Constitution. Il rappelle que toute poursuite contre un ancien chef de l’État doit se faire dans le strict respect de la loi n°18/021 du 26 juillet 2018, qui impose une procédure spécifique, incluant un vote à la majorité des deux tiers des membres du Parlement réunis en Congrès.
Le ministre de la Justice, de son côté, rétorque que Joseph Kabila est visé en tant que sénateur à vie, et non en sa qualité d’ancien président de la République, ce qui, selon lui, permet de contourner la procédure spéciale invoquée par le FCC.
Ce dossier suscite d’ores et déjà un vif débat juridique et politique. La décision que rendra le Sénat ce jeudi est donc hautement symbolique. Elle pourrait non seulement influencer le paysage politique congolais, mais également créer un précédent inédit dans l’histoire de la jeune démocratie de la RDC.
Emille Kayomba