Malgré les pressions diplomatiques et les sanctions internationales, les combats persistent dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), où les civils continuent de payer un lourd tribut. Les efforts des Nations-Unies et des partenaires régionaux peinent à enrayer la spirale de violence qui secoue le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, principalement sous l’effet des offensives du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda.
Diplomatie en échec face aux armes
Mercredi 16 avril, lors d’une session du Conseil de sécurité, l’envoyé spécial de l’ONU pour la région des Grands Lacs, Huang Xia, a dressé un constat amer de l’inefficacité des mécanismes mis en place pour contenir le conflit. « Malgré les injonctions du Conseil de sécurité, des organisations régionales et sous-régionales africaines, de l’Union européenne, malgré les mesures restrictives et les sanctions prises, les combats se prolongent », a-t-il déclaré.
Les sanctions contre les leaders du M23 et les pressions diplomatiques sur Kigali n’ont pas empêché l’expansion de la rébellion, qui renforce sa présence militaire et administrative dans plusieurs localités stratégiques. Conséquence : des dizaines de milliers de civils fuient vers les pays voisins — Burundi, Ouganda, voire le Rwanda — dans un contexte de peur généralisée.
Des avancées diplomatiques aussi fragiles que précaires
Huang Xia a salué les démarches diplomatiques engagées, notamment les processus de Nairobi et de Luanda, ainsi que les efforts du président angolais João Lourenço en tant que médiateur. Il a aussi évoqué avec espoir la récente rencontre de Doha entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame. « Ces démarches marquent une étape cruciale », a-t-il estimé, appelant cependant à une meilleure coordination entre les initiatives diplomatiques régionales, souvent dispersées et sans suivi opérationnel.
L’horreur humanitaire : enfants violés, familles déplacées, épidémies
Sur le terrain, la situation humanitaire atteint un niveau dramatique. Catherine Russell, directrice de l’UNICEF, a qualifié la situation dans l’est de la RDC de « cauchemar de violences horribles ». Plus de 10 000 cas de violences sexuelles ont été recensés depuis le début de l’année, dont 40 % concernent des enfants. « Un enfant a été violé toutes les trente minutes lors des pires moments », a déclaré Russell, évoquant une réalité insoutenable.
En parallèle, plus de 400 000 enfants ont été déplacés depuis janvier, contraints de fuir les combats. Dans les camps improvisés, la promiscuité favorise la propagation de maladies comme le choléra et la rougeole, accentuant la détresse des familles.
Un cri d’alarme international
L’UNICEF a lancé un appel urgent de 57 millions de dollars pour répondre aux besoins les plus pressants des enfants au cours des trois prochains mois. Une aide vitale pour éviter une catastrophe humanitaire à grande échelle. Mais l’aide humanitaire ne saurait suffire à compenser l’absence d’une solution politique durable. Comme l’a rappelé Huang Xia : « Ce que nous observons, c’est une compétition d’ambitions politiques et de sécurité, entretenue par l’exploitation illégale des ressources et l’absence de l’État. »
En RDC, la guerre continue d’échapper à la diplomatie, et les populations civiles, elles, ne peuvent qu’espérer une paix qui semble encore bien lointaine.
Junior Kulele