L’ancien chef rebelle congolais Roger Lumbala sera jugé en France du 17 novembre au 20 décembre 2025 pour complicité de crimes contre l’humanité, dans le cadre d’exactions commises dans le nord-est de la République Démocratique du Congo entre 2002 et 2003, en pleine Deuxième Guerre du Congo.
Âgé de 67 ans, Roger Lumbala, ex-leader du groupe armé RCD-National et ancien député d’opposition, est incarcéré en France depuis janvier 2021, après son arrestation en décembre 2020. Il comparaitra devant la cour d’assises de Paris pour complicité de crimes contre l’humanité et pour participation à une entente en vue de commettre ces crimes.
Selon l’enquête menée par un juge d’instruction français spécialisé, Lumbala aurait ordonné ou permis la commission d’actes inhumains et de tortures, en particulier dans les régions de Bafwasende (Haut-Uele) et de l’Ituri. Le magistrat le soupçonne également d’avoir fourni un soutien logistique aux auteurs des crimes, et de ne pas avoir empêché la réitération d’exactions graves commises par les troupes placées sous son autorité.
Ces accusations remontent à l’opération baptisée « Effacer le tableau », lancée en octobre 2002 par une coalition entre le RCD-N de Lumbala et le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, actuel Vice-Premier ministre chargé des Transports et allié du président Félix Tshisekedi. Cette opération visait à étendre leur contrôle sur les territoires stratégiques riches en ressources.
Des violations massives des droits humains sont documentées dans cette période, selon plusieurs rapports des Nations-Unies : viols en masse, exécutions sommaires, enlèvements, mutilations, actes de cannibalisme, principalement dirigés contre les communautés Nande et Twa (Pygmées).
Si Roger Lumbala a toujours nié ces accusations depuis leur première formulation en 2003, l’ordonnance de renvoi devant la cour affirme que les crimes visaient délibérément les civils « en fonction de leur origine ethnique ». Le document souligne le caractère « concerté » de l’offensive, entre les forces du RCD-N et du MLC.
Plus de vingt survivants des atrocités ont été entendus par la justice française et se constitueront partie civile durant le procès. Leur témoignage pourrait peser lourd dans la procédure, qui constitue une première historique pour un dirigeant congolais jugé à l’étranger pour des crimes commis pendant le conflit de 1998-2003.
Ce procès s’inscrit dans une dynamique de justice internationale de plus en plus active sur les crimes commis en RDC, notamment dans la région de l’Est toujours en proie à l’insécurité.
La rédaction de b-onetv.cd