Officiellement consacrée à la lutte pour les droits des femmes, la journée du 8 mars est parfois mal comprise. Il arrive aussi que certaines personnes remettent en cause la pertinence et le bien-fondé de cette journée, en affirmant par exemple qu’« en RDC, l’égalité est acquise », ou en réclamant « une Journée internationale des droits des hommes ».

En RDC, c’est une célébration atypique qui a peint cette journée du 8 Mars pas comme les autres. Aucune manifestation festive officiellement autorisée par le gouvernement. Un communiqué émanant du ministère du genre recommandait aux institutions de ne pas se livrer à des célébrations avec pompe mais plutôt de célébrer le mois de Mars par des actions de plaidoyer en faveur des enfants et contre des atrocités dans l’Est de la RDC. De toute évidence, cette journée a été créée dans une perspective militante. Elle est l’occasion de réaffirmer l’importance de la lutte pour les droits des femmes et de rendre hommage aux combats, passés et présents, menés en faveur de l’égalité femmes-hommes.
Et pourtant en RDC, une lutte soutenue contre les violences basées sur le genre est au milieu des tabous. Au nombre de ces violences, celles perpétrées par des hommes en uniformes avec pour la plupart aucune réparation sur les préjudices causées par ces bourreaux. Le Président de la République qui recevait les femmes de toutes tendances confondues au palais du peuple a condamné ces actes est revenu sur les efforts du gouvernement pour endiguer ce phénomène. La détérioration de la situation sécuritaire dans plusieurs régions de la RDC, les relations de pouvoir inégales entre hommes et femmes ainsi que le faible statut des femmes au sein de la société congolaise sont sources de violences physiques et psychologiques, particulièrement contre les femmes et les filles.

La communauté humanitaire en République démocratique du Congo estime que sept millions de personnes sont à risque de subir une forme ou une autre de violence basée sur le genre. Depuis près de trois décennies, cette réalité est attachée à l’image du pays, un fléau qui continue à être décrié. En dépit de la mobilisation des autorités congolaises, de la société civile et des partenaires internationaux, la situation demeure inquiétante malgré de nombreuses avancées. Mais qu’et ce qui serait à la base de l’extension de ce fléau depuis plus de trois décennies au point d’estampiller la RDC de capitale du viol. L’impunité reste le seul goulot d’étranglement. Malgré les accords de paix internationaux et nationaux, les violences sexuelles sont à ce jour considérées comme une arme de guerre causant multiples blessures physiques et traumatismes mentaux.
Plusieurs contraintes rendent la prévention et la réponse difficile. L’attentisme des magistrats, des tribunaux insuffisants et mal équipés sont aussi des véritables freins. Les Nations-Unies pensent que la justice transitionnelle peut être une solution si et seulement elle est mise en œuvre par les congolais eux mêmes. Ce serait un éventail complet de divers processus et mécanismes pour tenter de faire face aux exactions commis dans le passé. De nombreux survivants se retrouvent ainsi pris dans l’étau d’une « double peine », d’abord la violence vécue et ensuite l’impact économique et social de cette violence sur leurs vies.

L’effroi des blessures psychologiques et physiques hantent les victimes. Certaines racontent ces faits macabres la mort dans l’âme. Le cadre légal pour la prise en charge des victimes à travers une loi qui prend en compte la réparation des victimes liées aux conflits et celles de crimes contre la paix. Il ne reste plus qu’à taire les armes et mettre en pratique les résolutions prises.

En RDC, le fléau de violences physiques et sexuelles sur les filles et les femmes à atteint approximativement plus de 27 000 cas de Violence Basée sur le Genre déclarés et pris en charge dans les structures médicales. Face à cette situation, l’Organisation mondiale de la Santé a appuyé le gouvernement pour mieux armer les prestataires qui œuvrent sur le terrain.
Feza Micka