Prévu initialement cette semaine, le sixième round de négociations entre le gouvernement congolais et les rebelles de l’AFC/M23 se tiendra finalement la semaine prochaine au Qatar. Ce report est lié à un calendrier diplomatique chargé du médiateur qatarien, selon plusieurs sources proches du dossier. L’objectif principal de ce nouveau cycle de discussions est de finaliser le mécanisme d’un cessez-le-feu permanent, dans un contexte où les combats se poursuivent toujours dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Les délégations du gouvernement de la RDC et de l’AFC/M23 se retrouveront autour de la table pour définir les modalités concrètes d’application du futur cessez-le-feu : comment il sera mis en œuvre sur le terrain, quelles seront les garanties de son respect et quel rôle joueront les différents acteurs régionaux et internationaux. Selon une source diplomatique, ce round est considéré comme décisif : il doit aboutir à un texte qui définira les comportements attendus des deux camps, ainsi que les mécanismes de vérification et de sanction en cas de violation.
Malgré les avancées techniques des négociations précédentes, un point de blocage majeur persiste : le rôle de la MONUSCO. Le mouvement AFC/M23 a exprimé à plusieurs reprises sa méfiance à l’égard de la mission onusienne, qu’il accuse de partialité. Ce différend pourrait une fois de plus ralentir les discussions, à moins qu’un compromis ne soit trouvé autour d’une supervision conjointe incluant d’autres observateurs régionaux.
Les discussions s’appuieront sur un projet d’accord de paix élaboré par les médiateurs qataris. Un haut responsable impliqué dans le processus a confirmé la présence de plusieurs partenaires internationaux, signe d’un soutien diplomatique élargi à cette initiative. « La poursuite de l’engagement de toutes les parties est essentielle pour avancer », a insisté un diplomate occidental cité à Doha.
Le Qatar, en tant qu’hôte, assurera la coordination logistique et diplomatique. Les États-Unis, l’Union européenne, l’Union africaine et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) participent également au processus. Ce nouveau round s’inscrit dans la continuité des discussions d’août dernier, qui avaient notamment porté sur les échanges de prisonniers.
L’une des nouveautés de ce sixième round est l’arrivée dans l’équipe de médiation de Zahabi Ould Sidi Mohamed, ancien ministre malien des Affaires étrangères et ex-ministre de la Réconciliation nationale. Diplomate chevronné, il possède une grande expérience des processus de paix et des dynamiques de rébellions armées. « Il a déjà travaillé sur la RDC. Il connaît les acteurs, leurs méthodes et apporte une vraie plus-value », confie un diplomate au fait du dossier.
Zahabi Ould Sidi Mohamed a également présidé la Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) au Mali et a collaboré avec plusieurs missions de l’ONU en Afrique. Sa présence, selon des observateurs, témoigne d’une volonté du Qatar de muscler sa médiation dans une crise devenue centrale pour la stabilité des Grands Lacs.
La relance de ces pourparlers s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large coordonnée entre Washington, Doha et Kinshasa, visant à désamorcer simultanément les tensions RDC–Rwanda et à stabiliser l’Est du Congo. En parallèle, les discussions visent à établir des passerelles entre le dialogue sécuritaire (autour du cessez-le-feu) et les perspectives économiques discutées dans le cadre de l’accord d’intégration régionale, suspendu par Kinshasa fin septembre.
Pour les observateurs, ce sixième round représente un test de sincérité et d’engagement pour toutes les parties.
Si les rebelles du M23 et le gouvernement congolais parviennent à un accord sur le mécanisme du cessez-le-feu, cela ouvrirait la voie à un cadre plus stable pour la poursuite des négociations politiques et humanitaires. Mais à l’inverse, un nouvel échec risquerait de fragiliser la médiation qatarienne et de raviver les tensions sur le terrain, où les populations continuent de payer le prix de l’instabilité.
Un rendez-vous à Doha sous haute tension, mais porteur d’espoir, où chaque mot et chaque geste pèseront sur l’avenir de la paix dans l’Est de la RDC.
La rédaction de b-onetv.cd


