Le Président de la République, Félix Tshisekedi, a reçu ce jeudi au Palais de la Nation Martin Fayulu, président du parti d’opposition Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDé). Ce tête-à-tête s’est tenu en présence de plusieurs proches collaborateurs de Fayulu, notamment Devos Kitoko, Prince Epenge, Alexis Dende (alias Lexxus Legal) et Chantal Moboni.
Cette rencontre intervient trois jours après un appel lancé publiquement par Martin Fayulu en faveur d’un échange direct avec le chef de l’État, face à l’aggravation de la situation sécuritaire dans l’Est du pays, où les rebelles du M23/AFC, appuyés par le Rwanda, poursuivent leur offensive.
Selon des sources à la présidence, les échanges ont duré un peu plus de deux heures. À l’issue de l’entrevue, Martin Fayulu s’est exprimé devant la presse, insistant sur la gravité du moment que traverse la RDC. Il a plaidé pour la mise en place d’un front commun : « Le pays est attaqué de toutes parts. Nous avons besoin de cohésion nationale. C’est pourquoi je suis venu proposer la création d’un camp de la patrie. Avec les crises sociale, politique et sécuritaire, il n’y a pas 36 solutions. Il faut un dialogue social, un pacte national », a-t-il déclaré.
Le président de l’ECIDé a également appelé à une implication active des forces morales du pays. Il a demandé au chef de l’État de rencontrer dans les meilleurs délais les responsables de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC), qui ont récemment proposé un pacte social comme voie de sortie à la crise. D’après Fayulu, Félix Tshisekedi aurait accueilli favorablement cette suggestion et promis de répondre rapidement.
Dans son adresse à la nation, prononcée en début de semaine, Martin Fayulu avait déjà exhorté les figures politiques clés — Félix Tshisekedi, Joseph Kabila et Corneille Nangaa — à assumer leurs responsabilités historiques. Il avait mis en garde contre le risque de balkanisation du pays et appelé à un sursaut collectif. « Le pays est en danger. Il faut le sauver. Cela exige de dépasser les clivages politiques et de placer l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de tout », a conclu Fayulu.
Cette rencontre entre le président en exercice et l’un de ses principaux opposants marque un geste d’ouverture dans un contexte national particulièrement tendu. Reste à savoir si cet appel à l’unité débouchera sur une dynamique concrète de rassemblement national face aux défis multidimensionnels que connaît la RDC.
Emille Kayomba