A quelques mois de la fin du 1er mandat de Félix Tshisekedi, à quoi peut-on s’attendre d’ici au 20 décembre 2023 ? La question est sur plusieurs lèvres, au regard du retard accumulé dans les opérations d’identification et enrôlement des électeurs, notamment dans les zones où persiste l’insécurité avec l’incursion rwandaise à travers le M23. Félix Tshisekedi évoquait, par ailleurs, l’éventuelle difficulté pour le parlement d’adopter la loi sur la répartition des sièges à l’Assemblée Nationale, avec l’incertitude de boucler à temps l’enregistrement des électeurs. La Ceni s’inquiétait également de la lenteur dans le décaissement des fonds par le gouvernement. Mais à ce jour, les congolais de deux premières aires opérationnelles ont déjà reçu leurs cartes d’électeurs. Il en reste cependant, la grande majorité des habitants de la 3e zone, constitués essentiellement des compatriotes des territoires de Rutshuru, Beni et Masisi dans le Nord-Kivu.
En ce qui concerne le respect du délai constitutionnel, tout le monde y tient. D’ailleurs, tous les camps politiques s’organisent en vue d’être prêts au rendez-vous du 20 décembre prochain. Mais comme d’habitude, il faut chercher coupable, les uns contre les autres, à cause des irrégularités avérées ou supposées dans la constitution du fichier électoral, mais également des contraintes éventuelles, d’ordre technique, politique ou sécuritaire. En 2018, les habitants de Béni étaient privés de vote à cause de la résurgence de l’épidémie d’Ebola. Cette fois-ci, c’est toute la région qui court le même risque à cause de l’insécurité.
Comment faire pour offrir à tous les congolais un processus crédible et apaisé ? Techniquement, la Ceni aura besoin des ressources pour parachever le financement des opérations électorales; le traitement du fichier électoral, la logistique pour les opérations proprement dites de vote, la formation des agents électoraux, il y a encore plusieurs étapes d’un processus qui est loin du terme. Il ne faut pas oublier que la sécurité est une garantie pour des élections voulues transqparantes et apaisées. Existe-t-il des contraintes qui peuvent favoriser le non respect du délai constitutionnel ? Le temps qui reste avant la convocation du corps électoral semble plus court et les exigences de sécurité et de financement des élections sont aussi complexes. Mais jusqu’ici, personne ne peut assumer l’idée d’un report ou d’un glissement qui compromettrait le cycle normal du renouvellement des animateurs des institutions publiques.
Même si l’opposition qui s’est recomposée à Lubumbashi pense que le processus électoral est déjà entaché des irrégularités, à l’Union Sacrée on y croit durement alors que la RDC s’achemine vers une abstention historique. Seulement 46,31 % des congolais sondés affirment qu’ils iront voter, le 20 décembre, leur futur Président de la République. Plusieurs raisons expliquent cette situation : le nombre réduit des centres d’enrôlement, l’insuffisance du matériel d’inscription et les pannes fréquentes des machines. Certains observateurs se disent préoccupés par le respect du calendrier électoral. En raison de l’insécurité, le gouvernement congolais a placé les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sous un état de siège. Les habitants redoutent de vivre le même scénario qu’en 2018, quand les Congolais de Beni et Yumbi n’ont pas pu se rendre aux urnes.
Le défis sécuritaire, la question des déplacés internes reste importante en République Démocratique du Congo. Sur l’ensemble du territoire, selon les dernières estimations du bureau de la coordination des affaires humanitaires en RDC (OCHA), on compte environ 5 millions de personnes déplacées. De Béni dans le Nord-Kivu, en Ituri, les préoccupations des habitants sont quasiment les mêmes.
Glissement en vue ? Le processus électoral est confronté à divers défis. Les acteurs politiques, eux, se préparent malgré tout déjà pour la bataille électorale. En RDC, difficile pour un seul parti politique de conquérir le pouvoir. D’où les jeux d’alliances qui ont déjà commencé par exemple au sein de l’opposition congolaise. En RDC, plusieurs personnes estiment que le processus électoral en vue de la présidentielle du 20 décembre était « très mal engagé », en disant craindre des fraudes et un « déni de démocratie ». La présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives ainsi qu’aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux. Le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, a l’intention de se représenter.
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