La girafe congolaise, autrefois au bord de l’extinction, connaît aujourd’hui une renaissance spectaculaire. De seulement 22 individus recensés en 2012, la population a atteint 105 girafes en 2025 dans le Parc national de la Garamba, un bond salué par l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et ses partenaires à l’occasion de la Journée internationale des girafes, célébrée le 21 juin.

Selon Davy Fonteyn, responsable des fonds et du reporting au Parc de la Garamba, cette progression est le fruit d’une stratégie efficace de sécurisation de la faune, qui a permis de réduire drastiquement le braconnage ciblant cette espèce unique à la RDC. « On observe une croissance annuelle de 10 % depuis plusieurs années, ce qui est très encourageant », a-t-il affirmé, tout en rappelant que cette sous-espèce n’existe qu’en RDC, à l’état sauvage.
Le parc, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis sa création en 1938, abritait autrefois plusieurs milliers de girafes. Mais la pression du braconnage, l’instabilité sécuritaire et l’isolement génétique ont contribué à la chute drastique de leur nombre au fil des décennies.
Malgré les résultats positifs, des menaces sérieuses demeurent, notamment la consanguinité. Avec l’appui de la Fondation pour la conservation des girafes et African Parks, cogestionnaire du site avec l’ICCN, des études génétiques sont en cours pour évaluer les risques. Les deux principales populations – celle du Parc de la Garamba et celle du Domaine de chasse de Gangala na Bodio – sont particulièrement suivies.

En outre, le changement climatique, le piégeage illégal, et la rareté d’autres grands herbivores dans l’écosystème affectent la disponibilité des ressources alimentaires pour les girafes, mettant en péril leur équilibre écologique. Pour y faire face, le parc mise sur une gestion active de l’habitat, incluant des techniques comme la gestion contrôlée du feu et la réintroduction d’espèces clés, à l’instar des rhinocéros récemment rapatriés.
Le succès de la Garamba repose aussi sur l’adhésion des communautés locales. Selon des enquêtes menées dans la région, la perception de la conservation s’est améliorée grâce aux retombées concrètes des projets dans la vie quotidienne. « Le seul bémol reste l’augmentation des conflits homme-faune, mais les girafes n’en sont pas responsables », a précisé Davy Fonteyn.
Pour garantir la pérennité de ces avancées, le parc a mis en place un programme de monitoring personnalisé et développe une méthodologie d’inventaire systématique innovante. L’objectif : collecter des données précises pour surveiller la croissance des populations et ajuster les actions de conservation en conséquence.
Les résultats de ces recherches orienteront notamment la décision éventuelle d’introduire de nouveaux individus pour renforcer la diversité génétique. Ce dispositif s’inscrit dans une vision à long terme, rendue possible par l’appui constant de partenaires majeurs, dont l’Union européenne.
Le Parc national de la Garamba se présente aujourd’hui comme un modèle de réussite en matière de conservation en Afrique centrale. La girafe congolaise, jadis condamnée à disparaître, devient ainsi un symbole d’espoir pour les efforts de sauvegarde de la biodiversité dans la région.
Elrick Elesse