Le gouvernement congolais a dressé un bilan provisoire dramatique à la suite des violents affrontements entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda, pour le contrôle de Goma. Selon les autorités, plus de 773 morts et 2 880 blessés ont été recensés dans les différentes structures sanitaires de la province du Nord-Kivu. Ces chiffres ont été communiqués lors d’un briefing de presse animé par le ministre de la Santé publique, Roger Samuel Kamba, et le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya.
Le ministre de la Santé a précisé que ce bilan ne prend en compte que les victimes recensées dans les établissements de soins, laissant craindre un nombre encore plus élevé de pertes humaines. « En quatre jours, nous avons déploré plus de 773 morts dans les structures de soins. Ce chiffre ne prend pas en compte les blessés et les morts qui n’ont pas pu être acheminés vers nos centres de santé, faute d’accès. Nos travailleurs et prestataires de santé sont eux-mêmes sous pression, mais ils continuent à faire leur possible », a déclaré Roger Kamba.
Les 2 880 blessés recensés ne représenteraient qu’une partie des victimes, beaucoup restant bloquées chez elles en raison de l’insécurité. « Beaucoup de blessés ne peuvent rejoindre les structures médicales, ce qui signifie que le bilan réel est bien plus lourd », a ajouté le ministre. Outre les blessés qui peinent à recevoir des soins, la situation sanitaire devient critique à Goma, où les morgues ont atteint leurs capacités maximales. « Nos morgues ne peuvent plus contenir les corps. Certains s’entassent dans des conditions indignes. Malheureusement, des images que nous avons reçues témoignent de cette catastrophe humaine », a déploré Roger Kamba.
Selon la Croix-Rouge et d’autres organisations humanitaires, de nombreux cadavres en état de décomposition jonchent encore certaines rues de la ville, notamment dans les quartiers les plus touchés par les combats. « À Nyiragongo, la situation est encore plus difficile à évaluer, car les conditions actuelles ne permettent pas de recensement précis », a ajouté le ministre.
Depuis la prise de Goma par le M23, les conditions de vie des habitants se sont considérablement détériorées. Les pénuries alimentaires et médicales s’aggravent, et des milliers de personnes ont fui la ville pour échapper aux combats. Face à cette crise, le président Félix Tshisekedi a pris la parole pour rassurer la population et annoncer une riposte militaire vigoureuse visant à reconquérir les localités occupées par le M23 et ses alliés. « Nous ne resterons pas spectateurs de cette tragédie. L’armée congolaise mettra tout en œuvre pour défendre l’intégrité du territoire national », a-t-il affirmé dans son adresse à la nation.
Sur le plan diplomatique, les appels à un retour aux discussions restent vains. L’annulation de la réunion tripartite de Luanda a bloqué le processus de médiation, alors que la RDC continue d’appeler à une solution politique durable. Le président rwandais Paul Kagame, quant à lui, multiplie les critiques contre cette médiation dirigée par l’Angola et semble s’éloigner de tout compromis. Cette impasse ne fait qu’exacerber la tension, laissant présager une prolongation du conflit dans l’Est de la RDC.
Alors que la situation à Goma reste extrêmement préoccupante, les FARDC se préparent à une nouvelle phase des opérations militaires. L’enjeu est crucial : empêcher le M23 de consolider ses positions et de s’étendre vers d’autres localités stratégiques. En attendant, la population, prise au piège des affrontements, continue de payer un lourd tribut dans ce conflit qui s’enlise.
La rédaction de b-onetv.cd