La campagne pour des élections générales a démarré ce dimanche en République Démocratique du Congo. Durant 30 jours, chacun des candidats présidents principalement va dévoiler son projet quinquennal pour le pays et ses quelques 100 millions d’habitants. Mais c’est aussi le moment où les candidats les plus prolifiques vont drainer du monde, et d’autres se mesurer à leurs capacités de faire l’unanimité à travers leurs ambitions un peu plus démesurées peut-être.

Comme l’élection présidentielle passe pour être le scrutin le plus important dans le contexte congolais, elle sera cependant, couplée aux législatives nationales, provinciales et municipales, qui sont par ailleurs non négligeables. Glaner une bonne moisson des voix à ces échelles inférieures des élections, va permettre au prochain locataire du Palais de la Nation de consolider son pouvoir de la base au sommet de l’État. Quels sont les candidats présidents de la République sérieux, réalistes et favoris ? Quelles sont offres politiques en présence ? Comment sont-ils organisés pour surmonter les défis d’une campagne électorale dans un pays continent ? D’où viennent les moyens de financement de la campagne électorale en RDC ?
Ce qui est vrai, tous les candidats sont à surveiller. Mais l’élection présidentielle pourrait se jouer entre Félix Tshisekedi, Moise Katumbi, Martin Fayulu, Dénis Mukwege et Augustin Matata. Pour cette première journée, le président sortant a lancé sa campagne électorale ce dimanche au stade des martyrs de Kinshasa devant une centaine de milliers de partisans en liesse, à qui il a promis de continuer la vision dite ‘’le peuple d’abord’’. Pour sa part, Moïse Katumbi était dans une opération séduction plus tôt dans le Kongo-Central, les Grands Bandundu, Kasaï et Equateur, ainsi que dans son Katanga natal. De l’autre côté l’homme de la vérité des urnes n’était pas du reste. Martin Fayulu qui veut prendre sa revanche, sait déjà à quoi il aura à faire après sa brève tournée dans le Bandundu et au Kasaï. L’homme à ‘’la cravate rouge’’ ou ‘’le réparateur des femmes’’, se sont également lancés dans un challenge de recherche d’arguments solides pour séduire un électorat de plus 44 millions votants.

Comme dans toutes les compétitions, il n’y a pas de candidat plus spécial que les autres, car tout est question de stratégie pour convaincre. Parmi les hommes et femmes de verbe, il faut compter avec Delly Sesanga, Constant Mutamba, Noel Tsgiani, Théodore Ngoy, Marie-Josée Ifoku et les expérimentés comme l’ancien 1er Ministre Adolph Muzitu et le doyen Georges Buse Falay, ancien directeur de cabinet de feu Mzée Laurent Désiré Kabila. Sur cette liste de candidats président de la République, il y a aussi les petits poucets qu’il faut bien observer, avec leurs capacités d’amplifier les débats politiques sur terrain, comme Seth Kikuni, Franck Diongo, Floribert Anzuluni ou Rex Kazadi.
Ce qui compte cependant, pour les uns comme pour les autres, c’est d’avoir des propositions de solutions réalistes aux multiples problèmes des congolais. Pour les rencontrer, chacun a construit son offre politique autour des questions majeures, telles que la sécurité, la diplomatie, le développement économique, l’éducation, la santé et le social. Il faudrait alors parcourir les 2,345 millions km2, d’une province à l’autre, ville après ville et territoire par territoire pour convaincre les 100 millions des congolais de vous faire confiance.

En réalité, la RDC est un vaste territoire enclavé de l’intérieur. Le pays accuse un déficit criant des voies de communication terrestres viables, comme des routes praticables, les voies ferroviaires ou navigables. Il existe des compagnies d’aviations qui ne rassurent pas pour le moment. Pourtant en cette période de campagne électoral, le trafic aérien sera solliciter, pendant que l’opérateur public frôle la faillite et les privés pataugent. Avec ses 145 territoires disséminés dans 26 provinces vastes comme l’Europe, les candidats à la présidentielle seront confrontés aux problèmes de déplacement d’une entité à l’autre pour rencontrer les électeurs.
Tous ces moyens qu’il faut créer, s’accumulent aux ressources que les candidats doivent mobiliser pour financer leur campagne. Dans l’histoire des élections en RDC, aucun parti ne vit des cotisations de ses membres et le gouvernement n’a pas encore levé l’option de financer les partis politiques, même si cela est consacré par la constitution. Les candidats du pouvoir sortant auraient économisé en prévision des enjeux actuels, les plus nantis déboursent de leur propre poche et les autres sont soutenus par les forces extérieures qui lorgnent sur les ressources naturelles dont elles aimeraient profiter si jamais leurs champions gagnent. La campagne est ouverte et que le meilleur gagne !
Constantin Ntambwe