Kinshasa maintient sa posture prudente face aux tensions croissantes avec Kigali, malgré le blocage du processus de paix de Luanda. Lors d’un briefing tenu ce dimanche 15 décembre, le ministre congolais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a abordé les frustrations des citoyens congolais face à l’implication présumée du Rwanda dans le soutien au groupe armé M23, actif dans l’Est de la République démocratique du Congo.
« Ces Congolais qui veulent la guerre ont raison, mais il faut regarder le coût que cela représente dans un contexte où nous avons des millions de personnes qui sont déjà décédées. Il faut regarder aussi la détermination du président de la République à veiller sur la vie de chaque Congolais, » a déclaré Patrick Muyaya.
Cette déclaration intervient alors que la situation sécuritaire dans l’Est du pays reste critique, exacerbée par la présence des forces armées rwandaises aux côtés du M23, accusées de violences contre les populations locales. Si une partie de l’opinion publique plaide pour une réponse militaire ferme, le gouvernement congolais insiste sur une approche mesurée, privilégiant la diplomatie tout en se préparant à d’autres éventualités.
L’absence du président rwandais Paul Kagame lors de la réunion de Luanda a alimenté les interrogations et renforcé la méfiance de Kinshasa. Selon Patrick Muyaya, cette absence n’est pas anodine : « En signant l’accord avec le gouvernement de la République démocratique du Congo, c’est consacrer la fin du M23. » Cette interprétation traduit la position officielle de la RDC, qui voit dans l’attitude de Kigali une stratégie pour préserver le M23, qualifié de « créature » du régime rwandais.
Malgré le « fiasco » du processus de paix de Luanda, la RDC s’engage à maintenir une pression diplomatique constante. Kinshasa exige le retrait immédiat et sans condition des troupes rwandaises présentes sur son territoire et continue à mobiliser la communauté internationale pour condamner les actes du Rwanda. Cependant, la patience du peuple congolais s’épuise face à la lenteur des solutions diplomatiques. Le gouvernement, tout en comprenant cette frustration, exhorte à la prudence, mettant en avant le coût humain et matériel d’une guerre ouverte contre le Rwanda. « Nous devons tout faire pour protéger nos concitoyens et éviter d’aggraver une situation déjà tragique. »
En attendant, Kinshasa se prépare à toutes les éventualités tout en cherchant à préserver la stabilité et à éviter une escalade aux conséquences imprévisibles. La position de la RDC, telle que réaffirmée par Patrick Muyaya, traduit un équilibre délicat entre la colère légitime d’un peuple meurtri et la nécessité de préserver des vies humaines. Dans ce contexte, la diplomatie reste l’option privilégiée, mais le gouvernement congolais semble prêt à revoir sa stratégie si la situation sécuritaire ne s’améliore pas.
La rédaction de b-onetv.cd