La Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo, Thérèse Kayikwamba Wagner, s’est exprimée ce jeudi devant la presse nationale et internationale pour éclairer l’opinion sur les enjeux réels de l’accord de paix signé récemment entre Kinshasa et Kigali, sous la facilitation des États-Unis.
Face aux interrogations et inquiétudes croissantes d’une partie de l’opinion publique, l’ancienne diplomate à l’ONU a tenu à dissiper les malentendus et à replacer le texte signé dans son cadre politique, diplomatique et sécuritaire. « Je tiens à préciser avec clarté que cet accord de paix n’est ni un traité économique entre la RDC et les États-Unis, ni un accord bilatéral commercial avec le Rwanda. Il s’agit d’un engagement politique et sécuritaire, centré sur le respect de la souveraineté, la cessation des hostilités, le retrait des forces étrangères, la fin du soutien aux groupes armés et le retour durable de la paix dans l’Est du pays », a déclaré la cheffe de la diplomatie congolaise.
« La justice n’est pas sacrifiée »
Consciente des critiques redoutant un abandon des exigences de justice au nom de la paix, la ministre a été ferme : « La justice est prise très au sérieux par le gouvernement congolais. Il ne s’agit nullement d’un choix entre justice et paix, mais d’un équilibre nécessaire pour que les deux avancent ensemble. »
Elle a rappelé que les mécanismes judiciaires restent actifs, notamment à travers les initiatives de la Cour pénale internationale (CPI), de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), et des Conseils des droits de l’homme des Nations Unies. « La parole officielle de l’État congolais reste alignée avec la quête de justice », a-t-elle insisté.
« Un accord n’est pas une capitulation »
Dans un ton diplomatique mais direct, Thérèse Kayikwamba a rappelé la nature même d’un accord de paix : « Un accord de paix est un compromis entre deux États. Ce n’est pas une capitulation. C’est un outil politique pour sortir d’un cycle de violences. »
Elle a également mis en garde contre toute tentation d’humilier l’autre partie, au risque de compromettre l’esprit de l’accord : « Pour qu’un accord tienne, il faut de la retenue et de la lucidité. La paix durable ne se construit pas dans l’humiliation mais dans la fermeté diplomatique. »
Pas d’accès aux ressources congolaises
Réagissant à certaines rumeurs relayées sur les réseaux sociaux, la ministre d’État a démenti toute clause dans l’accord qui accorderait au Rwanda un accès aux ressources minières de la RDC : « Il n’existe aucune disposition dans cet accord qui donne accès au Rwanda à nos ressources. C’est faux et dangereux de propager ce type d’allégations. »
Un processus de paix complexe, mais nécessaire
Interpellée sur la durée probable du retour à la paix, Thérèse Kayikwamba a reconnu la complexité du processus : « Je ne peux pas vous dire quand la paix reviendra. Ce que je peux dire, c’est que chaque jour sans négociation est un jour gagné par la guerre. »
Avec cette prise de parole claire et assumée, la cheffe de la diplomatie congolaise entend rassurer les citoyens congolais, tout en appelant à l’unité nationale derrière le processus en cours. L’accord de Washington n’est, selon elle, qu’un début, et sa mise en œuvre effective déterminera son succès. « La paix, la justice et la souveraineté ne sont pas des concessions. Ce sont des objectifs. Et nous y travaillons sans relâche. »
Junior Kulele