Moins de 24 heures après la déchéance du gouverneur de la province du Sankuru, Victor Kitenge, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, a convoqué en urgence les membres du bureau de l’Assemblée provinciale à Kinshasa. Cette décision, annoncée par communiqué officiel, vise à faire la lumière sur les circonstances d’un renversement spectaculaire sur fond de crise sécuritaire et politique.
Un mandat miné par la contestation
C’est par une motion de défiance que Victor Kitenge a été sèchement évincé de la tête de l’exécutif provincial ce lundi 26 mai. Sur 25 députés provinciaux, 19 ont voté en faveur de sa destitution, dénonçant une gouvernance jugée calamiteuse et autoritaire. Le gouverneur n’a pas présenté ses moyens de défense, invoquant des raisons médicales, selon le communiqué émis par l’Assemblée provinciale.
Crise sécuritaire, dérives autoritaires et marginalisation
Le vote de défiance est intervenu dans un climat d’exaspération générale. L’insécurité persistante dans les territoires de Kole et Lodja, où milices, banditisme et extorsions règnent en maîtres, a mis à nu l’impuissance du gouverneur à rétablir l’ordre. La province, livrée à elle-même, a sombré dans une forme d’anarchie territoriale que ses détracteurs qualifient de « gestion par l’abandon« .
Mais les griefs à l’encontre de Victor Kitenge vont bien au-delà des questions sécuritaires. Le chef de l’exécutif est accusé d’avoir alimenté un climat politique délétère, en marginalisant des entités clés comme Lusambo et Lumumba Ville. Sa gestion est décriée pour son opacité, son refus du dialogue institutionnel, et des décisions autoritaires, dont l’arrestation arbitraire de l’administrateur du territoire de Lomela, citée comme exemple de dérive grave.
Un signal fort de l’Assemblée provinciale
Convoqué en plénière pour s’expliquer, Victor Kitenge a décliné l’invitation, aggravant sa position face à une institution déterminée à faire respecter la reddition des comptes. Pour de nombreux observateurs, son absence traduit un mépris assumé envers les élus provinciaux et les mécanismes de contrôle démocratique.
Une transition à organiser
La convocation du bureau de l’Assemblée provinciale du Sankuru à Kinshasa par Jacquemain Shabani s’inscrit dans un processus de stabilisation institutionnelle. Le gouvernement central entend évaluer la situation de manière approfondie et assurer une transition encadrée, en conformité avec la Constitution et les lois en vigueur.
Un vent de soulagement populaire
Sur le terrain, la destitution de Victor Kitenge a été saluée par une partie de la population. Dans plusieurs localités du Sankuru, des manifestations spontanées de joie ont accompagné l’annonce de sa chute. Pour de nombreux citoyens, il s’agit d’un tournant dans la lutte contre la mauvaise gouvernance et l’impunité au niveau provincial.
Le prochain défi consistera à restaurer la confiance entre les institutions et les citoyens, et à engager un nouveau chapitre de gestion participative et transparente au Sankuru.
La rédaction de b-onetv.cd