La République démocratique du Congo, vaste pays au cœur de l’Afrique centrale, riche en ressources naturelles et en potentiel humain, donne aujourd’hui l’image d’un État en panne. Les secteurs clés censés garantir la stabilité, le développement et le bien-être de la population sont en lambeaux. De la politique à la santé, en passant par l’économie, la culture, les infrastructures ou encore le sport, la faillite de l’État congolais se manifeste partout, alimentant la désillusion d’un peuple résilient mais de plus en plus abandonné.
Politique : un théâtre d’ambitions, loin des préoccupations du peuple
La classe politique congolaise semble souvent plus préoccupée par la conquête du pouvoir que par le sort du pays. Les querelles partisanes, les alliances éphémères, les calculs électoralistes et la corruption sapent la confiance des citoyens. L’État de droit est affaibli, les institutions sont instrumentalisées, et les décisions stratégiques se prennent souvent sans consultation réelle des populations. Pendant ce temps, la sécurité reste un luxe dans de nombreuses régions, notamment dans l’Est, où les rébellions persistent.
Santé : un système sinistré, des vies négligées
Les hôpitaux publics manquent de tout : personnel, matériel, médicaments. Les Congolais doivent souvent payer de leur poche des soins pourtant élémentaires. Les épidémies ( Mpox, choléra, rougeole, Ebola) réapparaissent régulièrement, faute de prévention efficace. En zones rurales, l’accès aux soins est quasi inexistant. La pandémie de Covid-19 a davantage mis en lumière les failles d’un système laissé à l’abandon.
Économie : un géant aux pieds d’argile
Malgré ses ressources minières et forestières exceptionnelles, la RDC reste parmi les pays les plus pauvres du monde. L’économie informelle domine, les entreprises peinent à se développer à cause de l’instabilité juridique et de l’absence d’infrastructures. Les jeunes, sans emploi ni perspectives, constituent une bombe sociale à retardement. Le pays importe massivement des produits de base qu’il pourrait produire lui-même, signe d’une économie désarticulée.
Infrastructures : le grand vide
Routes défoncées, ponts effondrés, aéroports vétustes, quartiers inaccessibles : les infrastructures sont le miroir de l’échec de la planification urbaine et nationale. Kinshasa, la capitale, croule sous les embouteillages, les inondations et l’insalubrité. Dans l’intérieur du pays, certaines zones restent enclavées, privées de développement, coupées du reste du pays.
Sport : du talent sans soutien
Le sport congolais, pourtant riche en talents, est miné par le manque de financement, d’organisation et d’infrastructures. Les équipes nationales brillent rarement, faute de préparation. Les infrastructures sportives sont délabrées ou inexistantes. Les jeunes athlètes s’expatrient faute de perspectives. Seules quelques individualités brillent à l’étranger, souvent sans soutien officiel.
Culture : entre richesse et négligence
La RDC regorge de diversité culturelle, d’artistes talentueux, de patrimoines exceptionnels. Mais faute d’investissements, de politiques culturelles claires et d’infrastructures, la culture reste marginalisée. Les artistes manquent de reconnaissance, les bibliothèques ferment, les musées sont rares, et l’histoire nationale est peu valorisée.
Société : survie, débrouille et résignation
Face à l’absence de l’État, les Congolais se débrouillent : l’économie informelle est le quotidien, la solidarité communautaire remplace les services publics, et la foi reste souvent le dernier refuge. Les inégalités sociales se creusent, la violence devient ordinaire, et l’espoir s’érode.
La RDC à la croisée des chemins
Un État qui n’assume plus ses fonctions régaliennes n’est plus qu’une entité fantomatique. Pour la RDC, l’urgence est d’initier un sursaut collectif, une refondation politique, sociale et économique portée par une vision claire et le retour à la redevabilité. Sans cela, le pays risque de s’enliser durablement dans le chaos, malgré toutes ses promesses.
Feza Micka