Le ministre d’État en charge de la Justice, Mutamba, s’est insurgé contre l’impunité persistante des auteurs de détournements de fonds publics en République démocratique du Congo. Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), il a exprimé son mécontentement face à la clémence des tribunaux dans certaines affaires de corruption.
« Il est anormal qu’aucun détourneur des deniers publics ne se retrouve en prison. Il nous faut agir avec audace et patriotisme pour rendre notre justice congolaise efficace et rassurante. Des réformes courageuses s’avèrent urgentes. » Cette déclaration intervient après le verdict de la Cour de cassation dans l’affaire du marché public des forages, un dossier qui a impliqué plusieurs personnalités et porté sur des dizaines de millions de dollars américains.
Dans son jugement, la Cour a acquitté Mike Kasenga, représentant du consortium CVR Construct SARL, faute de preuves suffisantes. En revanche, l’ancien ministre d’État au Développement rural, François Rubota, a été condamné à trois ans de prison pour conflit d’intérêts. Il lui est reproché d’avoir favorisé l’entreprise bénéficiaire du marché lors de l’attribution et de l’exécution du contrat. Toutefois, aucun détournement de fonds ni surfacturation ne lui a été officiellement attribué.
Ce verdict suscite une vague d’indignation parmi les observateurs et sur les réseaux sociaux. Beaucoup dénoncent une justice à double vitesse, où les principaux suspects échappent aux sanctions les plus lourdes. Sur X, une internaute, Aline Bwinja, s’interroge : « François Rubota vient d’être condamné à 3 ans de prison dans l’affaire forage. NB : Saint Kazadi est libre comme l’oiseau dans l’air. »
Ces critiques interviennent alors que la RDC a récemment organisé une deuxième édition des États généraux de la justice, après ceux de 2015 sous Joseph Kabila. Malgré ces efforts de réforme, la perception d’une justice inefficace et politisée reste vive.
Avec cette décision, le dossier des forages, qui avait fait grand bruit en 2023, en pleine période électorale, semble refermé pour l’instant. Mais la frustration des citoyens et des autorités pourrait relancer le débat sur la nécessité d’une justice plus rigoureuse face aux crimes financiers.
Emille Kayomba


