Porteuse d’une culture universelle, mais tirée vers le bas par une économie à la traîne, la RDC apparaît aux yeux du monde à la fois vulnérable et désirable. Des puissances étrangères entendent en profiter. Avec de nombreuses complicités. L’exploitation et la transformation industrielles des ressources naturelles, la production et la distribution des biens et services en interne, sont des domaines dans lesquels les nationaux sont rares en République Démocratique du Congo, et ce, depuis toujours.
Pourtant le pays avec ses 80 millions d’habitants, s’étend dans un vaste territoire de plus 2,4 millions de kilomètres carrés et bourré des richesses. Réputé scandale géologique, pays solution ou encore coffre fort de l’humanité, la RDC est un marché, mais en même temps un paradoxe où d’énormes potentiels économiques et la pire pauvreté se côtoient. Comment sont organisés les secteurs productifs ? Quels sont les secteurs porteurs et à qui profite les opportunités d’investissements ? Encore et toujours des questions dont les réponses donnent la frayeur.
La découverte de l’espace où est créé la RDC d’aujourd’hui, était une aubaine pour les puissances industrielles de l’époque qui l’ont apprivoisé durant plusieurs siècles sous le label de la colonisation. Le cuivre, le fer, l’uranium, le diamant ou même la culture prospère du caoutchouc, du café, du cacao et l’hévéa ont attiré l’attention des dirigeants du monde libre qui continuent à rivaliser des prouesses pour s’en approprier. Et depuis là à nos jours, le Congo Kinshasa est et demeure le pourvoyeur des matières premières au profit des capitaux étrangers.
Aucun de tous les géants miniers présents au Katanga, au Kivu ou la grande orientale n’est congolais. Ils sont canadiens, australiens, britanniques, américains aussi chinois. Clairvoyants et opportunistes, ces entreprises ont étendu leurs activités dans l’exploitation des minerais stratégiques tels que le cobalt, le lithium et le coltan. Les expatriés ont inondé aussi le secteur des hydrocarbures avec les gisements pétroliers au Kongo-Central notamment. Le pétrole comme les minerais sont exportés à l’état brut, par manque des unités de chaîne de valeur.
D’ou, des emplois et des recettes fiscales exportés en même temps. Ces mêmes produits exportés du territoire national, nous reviennent par plus de deux fois chers que s’ils étaient transformés sur place. C’est le cas entre autres du carburant, avec des stations services services qui pullulent dans nos villes. Les mines ne sont pas le seul domaine envahi par les étrangers. Prenons le cas aussi du secteur commercial. Nos marchés sont non seulement inondés de biens de l’importation, mais aussi fourni par les expatriés.
Plus de 70% des produits de première nécessité sont fourni par les firmes étrangères. Produits manufacturés, habillement, électroménagers, matériaux de construction, transport aerien, médicaments, si tous ne viennent par de l’importation, il y a néanmoins une influence extérieures. Chinois, libanais, pakistanais et indiens dominent ce marché. Comme c’est le cas de l’immobilier et grandes surfaces – appelés supers marchés.
Pus grave, toutes les banques commerciales en RDC sont étrangères. Des institutions financières étrangères qui gèrent les revenus du dur labeur des congolais et toute la bourse. Dans ce secteur il y a curieusement des africains comme nous. Les Nigérians et kényans contrôlent la bourse congolaise avec eux, les indiens et les libanais. Tout le monde peut s’imaginer le cas d’une éventuelle sanction internationale ou crise économique.
En combinant des données sur l’évolution récente du commerce extérieur de la RDC, des informations relatives aux investissements étrangers et en cherchant à cerner les rachats et prises de participations dans des sociétés en RDC par des groupes étrangers, il faut chercher à dresser un bilan de l’évolution du degré d’ouverture économique du pays.
Si la RDC malgré sa taille, reste toujours un pays mal classé dans le concert des pays exportateurs et conserve une balance commerciale degringolante. Les rachats et prises de participations, traduisent bien la globalisation du monde économique avec ses conséquences positives pour les firmes rachetées tellesque la meilleure insertion internationale mais aussi leur plus grande vulnérabilité, les décisions stratégiques échappant de plus en plus à l’établissement localisé en RDC.
La RDC est sans conteste une économie sous influence étrangère et l’évolution récente a renforcé cette influence car le commerce international n’a cessé de se développer. Le pays, face à une concurrence accrue d’autres nations, devient attractif pour les investisseurs étrangers et surtout des entreprises plus en plus nombreuses passent sous contrôle étranger. Une telle évolution n’est pas sans conséquences que l’on peut chercher à traduire en forces et faiblesses.
La rédaction de b-onetv.cd