Les consultations politiques initiées le 24 mars en République démocratique du Congo devaient prendre fin initialement le mardi 8 avril. Conduites par Désiré-Cashmir Eberande Kolongele, conseiller spécial du Président Félix Tshisekedi en matière de sécurité, ces discussions visent la formation d’un gouvernement d’union nationale, censé apporter une réponse politique élargie aux défis majeurs du pays, notamment à la crise sécuritaire à l’Est.
Mais que peut-on attendre après cette phase consultative ? À quel horizon pourrait-on voir naître le nouveau gouvernement ? Et surtout, dans quelle configuration politique ?
Une majorité dominante et un dialogue sélectif
Les consultations ont clairement mis en lumière la primauté de l’Union sacrée de la Nation, plateforme présidentielle, dans la composition des forces politiques reçues. Des regroupements tels que l’UNC de Vital Kamerhe, l’AFDC-A de Modeste Bahati, le MLC de Jean-Pierre Bemba, et d’autres formations de poids intermédiaire, ont été au cœur des discussions. En revanche, les principaux opposants (Kabila, Katumbi, Fayulu) ont brillé par leur absence, tout comme les groupes armés actifs à l’Est, notamment l’AFC/M23, non invités à la table.
Cette configuration montre que le futur gouvernement d’union nationale ne sera pas un gouvernement de consensus national total, mais plutôt un élargissement de l’actuelle majorité, intégrant quelques sensibilités de la société civile.
Une gouvernance encadrée par des principes républicains
Selon les autorités, les discussions ont été encadrées par des principes fondamentaux : respect de la Constitution, unité nationale, souveraineté, intangibilité des frontières, et gouvernance inclusive. Cela traduit une volonté du pouvoir de poser un socle républicain à ce futur gouvernement, notamment pour faire face aux critiques sur l’élargissement des alliances sans base programmatique claire.
À quand le gouvernement ?
Si les consultations s’achevaient la formation du gouvernement pourrait intervenir d’ici fin avril, voire début mai, selon le calendrier politique habituel à Kinshasa. Il faudrait : Finaliser un rapport de synthèse des consultations ; Présenter ce rapport au Chef de l’État ; Lancer les discussions internes sur l’équilibre politique, régional et sectoriel ; Nommer un nouveau Premier ministre ou confirmer l’actuelle cheffe du gouvernement, Judith Suminwa, selon les arbitrages du Président ; Enfin, publier la composition du gouvernement après validation.
Enjeux : sécurité, économie et confiance
Le futur exécutif sera attendu sur trois fronts majeurs : Sécurité : endiguer la progression du M23 et restaurer la stabilité à l’Est ; Économie : répondre à l’urgence sociale, à la flambée du coût de la vie, et relancer les investissements ; Légitimité : restaurer la confiance dans les institutions en donnant à voir un gouvernement plus ouvert et efficace.
Un gouvernement d’union, mais sous condition
La RDC s’oriente vers un gouvernement élargi, sans être véritablement d’union nationale. L’absence de l’opposition radicale et de certains groupes sociopolitiques limite la portée du consensus. Reste à voir si cette coalition élargie parviendra à faire face aux attentes d’une population en quête de stabilité, de justice sociale et de paix durable.
Junior Kulele