C’est une évolution notable dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo. Pour la première fois depuis le début de l’escalade du conflit, un communiqué conjoint a été publié par le gouvernement congolais et l’Alliance du Fleuve Congo (AFC), incluant les rebelles du M23. Ce geste diplomatique marque une étape importante dans les négociations jusque-là marquées par des tensions et des ruptures de dialogue.
Peut-on parler d’un tournant ?
Oui, cette publication conjointe peut être interprétée comme un tournant potentiel. Elle montre une volonté commune de sortir de l’impasse militaire par la voie politique. Jusque-là, les deux parties campaient sur leurs positions : le gouvernement congolais exigeait le retrait sans conditions des groupes armés, tandis que le M23, soutenu selon l’ONU par le Rwanda, réclamait un dialogue direct et des garanties politiques.
Ce qui change concrètement :
Reconnaissance mutuelle : La reconnaissance réciproque comme parties prenantes d’un processus de désescalade marque une rupture avec les accusations mutuelles d’illégitimité.
Mécanisme de suivi conjoint : Le communiqué annonce la mise en place d’un comité technique chargé de superviser le respect d’un éventuel cessez-le-feu et de coordonner les étapes du retrait des forces armées du M23.
Engagement pour une solution politique : Les deux camps affirment vouloir traiter les causes profondes du conflit, notamment les questions de réintégration, de gouvernance locale et de cohésion communautaire.
Appel à la médiation régionale : Le communiqué souligne également l’importance du rôle des facilitateurs régionaux, notamment l’EAC et l’UA, dans le suivi du processus.
Cependant, la prudence reste de mise. Plusieurs accords par le passé ont échoué, souvent en raison du manque de confiance et du non-respect des engagements. Le véritable test sera la mise en œuvre concrète des engagements pris, notamment sur le terrain.
Mais cette évolution représente une ouverture diplomatique inédite depuis la résurgence du M23 en 2021, et suscite l’espoir d’un apaisement durable dans une région ravagée par des décennies de conflits.
Junior Kulele