Les élections générales de décembre 2023 approche à grand pas. Plusieurs étapes de la période préélectoral sont déjà franchies et plus rien, sauf un véritable cas de force majeur, ne peut donner un coup de frein majeur à la Commission Électorale Nationale indépendante (CENI). Après la publication et la certification du fichier électoral pour le processus électoral en cours, sur base duquel la Loi sur la répartition des sièges est promulguée et ouvrant ainsi la voie à la convocation de l’électorat, des contestations n’ont pas manqué de surgir du côté de l’opposition. Comme lors de chaque étape notamment, la composition de la plénière de la CENI, la publication du calendrier électoral, l’indetification et enrôlement des électeurs.

L’une de conditions sine qua non pour un processus électoral qui se doit d’être, à la limite, relativement apaisé c’est la confiance entre l’arbitre qui est la CENI et d’autres acteurs. Un impératif qui a conduit le président de la CENI, Denis Kadima Kazadi, à initier une réunion avec les leaders politiques, ceux qui constituent le noyau dur de l’opposition au régime Félix Tshisekedi. Comment aller aux élections dans un climat extrêmement tendu ? Dans l’absence totale même d’un minimum de consensus ?
Le dissensus persiste
Il est de notoriété universelle que toutes les équipes de la CENI que la RDC a connu depuis qu’elle a renoué avec les élections : 2026, 2011 et 2018, l’opposition n’a jamais été d’accord avec l’institution organisatrice des scrutins. Non sans raison, parce que cette institution d’appui à la démocratie parle souvent le même langage avec les animateurs des institutions publiques, qui sont aussi compétiteurs aux postes électifs.
En effet, après la rencontre ce vendredi 29 juin entre le président de la CENI et les quatuor de l’opposition à savoir : Moïse Katumbi qui se fait représenté par le secrétaire général de son parti, Martin Fayulu, Matata Ponyo et Delly Sesanga, il en ressort que le consensus total n’a pas été trouvé. Rappelons que ces leaders de l’opposition ont toujours décrié ce processus dès le départ. C’est sans compter pour l’actuelle équipe de la CENI qui pense notamment que le fichier électoral est fiable.
Selon Martin Fayulu, devant la presse à l’issue de la réunion, il est impérieux que les choses avancent. « Vous affichez la liste, les opérations continuent mais l’audit aussi se fait. Si l’audit vient nous révéler que le fichier est correct, et qu’il y a des faiblesses de deux, trois pourcents qu’on peut surmonter, nous sommes d’accord. Mais si l’audit vient nous montrer que ce fichier n’est pas consommable, il faut prendre ses responsabilités. Nous prendrons les nôtres » dit- il. Et d’ajouter. « Ce fichier d’après nous, a été confectionné dans des conditions opaques. Vous savez ce qui s’est passé : des machines défaillantes, des personnels non qualifiés et puis il y a eu des cas où on a vu des kits électoraux à Kasumbalesa et à Tshikapa [entre les mains des personnes n’ayant pas qualité…»

Sur cette question liée à l’audit du fichier électoral, le président Denis Kadima a promis de soumettre la question à la plénière de la Commission électorale nationale indépendante malgré lui, parce qu’il croit qu’il est fiable. A en croire les observateurs avertis, la RDC connait déjà plusieurs crises qu’il ne peut pas se taper le luxe d’avoir une autre crise post-électorale. Il y a également le délai constitutionnel qu’il faut respecter, au regard entre autre du temps que peut prendre le processus d’adjudication pour en choisir un des cabinets d’audit, et le temps de travail proprement dit, alors que les élections doivent se tenir dans cinq mois et quelques jours.
Emille Kayomba