La résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée récemment, a marqué un tournant diplomatique dans la crise sécuritaire qui secoue l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce texte condamne ouvertement le Rwanda pour son soutien aux rebelles du M23 et exige leur retrait immédiat ainsi que la cessation de tout appui à cette rébellion active dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Cependant, certains experts estiment que cette résolution, bien que nécessaire, pourrait se heurter à des difficultés d’application. C’est notamment le point de vue du professeur Jeef Mudimbi, expert en sciences politiques, qui met en doute l’efficacité d’un tel texte en l’absence de mécanismes de contrainte.
Selon le professeur Mudimbi, l’absence de mesures coercitives rend l’application de cette résolution incertaine. « Le problème des résolutions du Conseil de sécurité est qu’elles ne s’imposent pas toujours aux parties concernées. Sans une volonté réelle de mise en œuvre et des moyens de pression concrets, leur efficacité reste limitée », explique-t-il.
Il souligne également que le Rwanda a été désigné pour la première fois de manière explicite comme acteur du conflit en RDC. Toutefois, malgré cette reconnaissance, l’absence de sanctions fortes ou de mesures coercitives pour faire respecter cette résolution risque de la rendre inefficace.
La résolution 2773 exige le retrait immédiat des troupes rwandaises du territoire congolais et la fin du soutien militaire au M23. Elle exhorte également le groupe rebelle à cesser les hostilités et à se retirer des zones sous son contrôle.
Mais pour le professeur Mudimbi, ces injonctions risquent de ne pas être suivies d’effet sans un mécanisme de sanction clair et une pression diplomatique renforcée. Il estime que la diplomatie onusienne repose encore sur des principes qui peinent à se traduire en actions concrètes sur le terrain.
Le professeur rappelle que le droit international présente souvent des limites en matière d’application. « Notre peuple vit une sorte de traumatisme aigu, et pourtant la communauté internationale peine à imposer ses décisions aux parties en conflit », déplore Jean-Jacques Elakano, gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Il souligne également des faits inquiétants, notamment le rapatriement des engins de chantiers routiers au Rwanda il y a trois jours et la mise en place de taxes illégales sur les échanges transfrontaliers par les rebelles du M23.
Face à ces enjeux, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler à un renforcement des pressions diplomatiques et économiques sur le Rwanda. Pour les observateurs, la résolution 2773 constitue certes une avancée sur le plan symbolique, mais sans mécanisme de mise en œuvre strict et des sanctions adaptées, son application risque de rester purement théorique.
Alors que la situation humanitaire dans l’Est de la RDC continue de se détériorer, la question demeure : la communauté internationale aura-t-elle la volonté et les moyens de faire respecter ses propres résolutions ?
Junior Kulele