Le gouvernement rwandais a annoncé, ce lundi, son retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), accusant sans fondement la République démocratique du Congo (RDC) de manipuler l’organisation régionale. Une décision unilatérale et irresponsable, qui s’inscrit dans une stratégie bien rodée de diversion face aux graves accusations pesant sur Kigali dans la crise sécuritaire qui déchire l’Est de la RDC.
En accusant la RDC de « complot » et de « manipulation » de la CEEAC, le Rwanda tente de discréditer un cadre régional de dialogue multilatéral dont il n’a jamais véritablement respecté ni l’esprit ni les règles. En réalité, ce retrait traduit l’isolement croissant d’un régime rwandais de plus en plus pointé du doigt pour son soutien actif aux rebelles du M23, responsables de milliers de morts, de déplacements massifs de populations, et de violations graves du droit international humanitaire.
Le Rwanda accuse Kinshasa de soutenir les FDLR, alors même que les enquêtes indépendantes et les rapports onusiens ont, à maintes reprises, établi l’implication directe de l’armée rwandaise dans les offensives militaires du M23 en territoire congolais. Cette rhétorique de Kigali – qui agite le spectre du génocide de 1994 pour justifier ses agressions répétées – ne convainc plus. Elle sert de prétexte à une politique expansionniste et prédatrice visant à contrôler les ressources stratégiques de l’Est congolais.
Le retrait de la CEEAC n’est donc pas un geste de souveraineté, mais une manœuvre de désengagement moral et politique. C’est un aveu de faiblesse face à la montée de la pression diplomatique et judiciaire, notamment avec le procès engagé par la RDC devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, et les enquêtes renouvelées de la CPI sur les atrocités commises au Nord-Kivu.
Le gouvernement congolais, de son côté, agit dans le cadre du droit international, en mobilisant la communauté régionale et internationale pour dénoncer les agressions répétées de son voisin. En tant que président sortant de la CEEAC, la RDC a assumé ses responsabilités, en appelant au respect des souverainetés, à la paix, et à la coopération régionale sincère.
Il est inacceptable que le Rwanda cherche à faire porter à autrui la responsabilité de son isolement diplomatique. Au lieu d’attaquer la RDC, Kigali devrait répondre aux accusations graves qui pèsent contre lui, cesser de soutenir les groupes armés, et s’engager véritablement dans le dialogue pour la paix.
La RDC ne cèdera ni au chantage, ni aux intimidations. Elle poursuivra ses efforts pour défendre son intégrité territoriale, la sécurité de ses citoyens, et le respect du droit dans une région meurtrie par trop d’années de guerre et d’impunité.
Junior Kulele