Lors du dernier Conseil Affaires étrangères de l’Union Européenne, le Luxembourg a surpris en bloquant l’adoption de sanctions contre le Rwanda. Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, a justifié cette décision en invoquant l’attente des conclusions de la réunion ministérielle conjointe de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), prévue ce 28 février à Harare.
Pourtant, une position commune des 27 États membres semblait acquise face à l’implication du Rwanda dans la guerre d’agression et d’occupation en République Démocratique du Congo (RDC), ainsi que face aux violations répétées du droit international et des droits humains par le régime de Kigali.
Le blocage du Luxembourg intervient alors que la pression internationale s’intensifie contre le Rwanda. Les États-Unis ont déjà imposé des sanctions ciblées, tandis que le Royaume-Uni a suspendu son aide au régime de Paul Kagame. Par ailleurs, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies a adopté une résolution condamnant expressément le rôle du Rwanda dans l’instabilité de l’Est de la RDC. De son côté, le Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) a émis de nouvelles mises en garde, alors que les enquêtes sur les crimes commis dans cette région s’accélèrent.
Face à cette situation, le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la paix et figure emblématique de la lutte contre les violences en RDC, exhorte les institutions africaines à prendre leurs responsabilités. Il appelle l’Union Africaine et les organisations sous-régionales à adopter des mesures fortes et immédiates pour faire pression sur Kigali et mettre fin à l’escalade de la violence.
« Chaque jour, des Congolais sont massacrés, des enfants enrôlés de force, des femmes violées. L’Afrique ne peut rester spectatrice de cette tragédie. Nous demandons aux leaders africains d’exprimer leur solidarité avec la population congolaise et d’assumer leurs responsabilités en appliquant les principes de nos Traités fondateurs », a-t-il déclaré.
Alors que le sommet de Harare approche, Mukwege met en garde contre l’inaction africaine : « N’attendons pas que le monde occidental se montre plus solidaire du peuple congolais que les dirigeants africains eux-mêmes ! Tous les regards seront tournés vers Harare. Ne donnons pas au monde un prétexte additionnel pour laisser pourrir une situation qui menace la paix et le développement en Afrique. »
Le rendez-vous du 28 février à Harare s’annonce donc décisif. L’attitude des dirigeants africains face à la crise en RDC sera scrutée de près.