C’était un interminable dialogue des sourds qui s’était installe entre Moise Katumbi, Martin Fayulu, Matata Ponyo, Delly Sesanga et les éléments de la police, sur le boulevard du 30 juin à hauteur de la BCDC, devant les barricades érigées. Alors que le siège de la CENI était assiégé depuis les petites heures du matin de ce jeudi par les forces de l’ordre, les quatre opposants initiateurs du sit-in ont fait près de 3 heures sans succès pour chercher à atteindre le siège de la centrale électorale.
« Si aujourd’hui, le pouvoir, à travers la police instrumentalisée à outrance, n’est pas en mesure de nous laisser faire un sit-in, ce qu’il se reproche de quelque chose. Si la CENI ne veut pas qu’on vienne faire un sit-in, ce qu’elle se reproche de quelque chose. Nous n’allons pas accepter que les élections soient un théâtre de chez nous, » a laissé entendre Matata Ponyo. Delly Sesanga a renchéri, « On a une CENI totalement corrompue qui a lui-même audité son propre fichier. Il faut qu’elle comprenne que ce n’est pas par la forfaiture qu’elle va pouvoir s’imposer à nous tous. »
Les leaders de l’opposition n’ont pas pu entrer. Face à des militants qui ont commencé à brûler les pneus, scander des chants contre le pouvoir et lancer des pierres, la police a su disperser ces manifestants qui accompagnent leur dirigeants, mais aussi éteindre le feu. Pendant ce temps, Moïse Katumbi et Matata Ponyo s’étaient éclipsés, Martin Fayulu et Delly Sesanga, accompagnés de quelques militants ont résisté pour tenter de frayer un chemin vers la CENI, toujours sans succès, la police etait là, en deux lignes. La première discutant avec les politiciens, la deuxième observant, à quelques mettres, tout mouvement en dispersant également tout groupe.
Plus de 3 heures devant les politiciens, long moment d’achanges sans compromis, les deux opposants resté ont décidé en fin de quitter le lieu, après plusieurs tiraillements jusqu’au niveau physique entre Delly Sesanga et Martin Fayulu qui tenaient de foncer vers la CENI et les policiers qui avaient visiblement ordre de maîtriser les choses afin que ce sit-in n’ait pas lieu. C’est autour de 12h15′ que les deux opposants ont décidé de partir a bord de leur véhicule. Et de Martin Fayulu de lâcher aux policiers : « Au revoir, sachiez qu’on m’appelle président élu. J’ai été élu avec 62 % en 2018…».
Ainsi, le sit-in n’a pas eu lieu comme prévu, mais une bonne partie de la commune de la Gombe, centre des activités économiques mais aussi siège des principales institutions, n’a pas fonctionné comme toujours cet avant-midi, tel une journée ville morte.
Emille Kayomba.