Le sommet conjoint des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), tenu ce samedi 8 février 2025 à Dar-es-Salaam, a exigé un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Dans leur communiqué final, les dirigeants de la région ont mandaté les chefs des forces de défense de la CAE et de la SADC pour se réunir d’ici cinq jours afin d’élaborer des directives techniques garantissant l’application effective de ce cessez-le-feu. « Le sommet conjoint a demandé aux chefs des forces de défense de la CAE et de la SADC de se réunir dans les cinq jours et de fournir des directives techniques sur un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel et sur la cessation des hostilités », rapporte l’Agence France Presse (AFP).
Cette décision intervient alors que la situation sécuritaire et humanitaire continue de se détériorer dans l’Est de la RDC, notamment après l’occupation de la ville stratégique de Goma par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise, selon Kinshasa et plusieurs rapports internationaux.
Ce sommet conjoint fait suite à deux réunions précédentes : le sommet de la CAE du 29 janvier 2025 à Nairobi et celui de la SADC du 31 janvier 2025 à Harare, où la nécessité d’une réponse collective à la crise congolaise avait été soulignée. L’issue de cette rencontre est cruciale pour la suite du conflit. La rapidité avec laquelle les chefs militaires de la CAE et de la SADC mettront en place les mécanismes de cessation des hostilités sera un indicateur clé de l’engagement des États de la région à stabiliser durablement l’Est de la RDC.
Le sommet a précisé que la réunion des chefs de défense de la CAE et de la SADC aura pour objectif de fournir des orientations techniques sur plusieurs points, notamment : L’application du cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ; L’acheminement de l’aide humanitaire, y compris le rapatriement des corps et l’évacuation des blessés ; L’élaboration d’un plan de sécurisation de Goma et de ses environs ; L’ouverture des principales routes d’approvisionnement, notamment : Goma-Sake-Bukavu, Goma-Kibumba-Rumangabo-Kalengera-Rutshuru-Bunagana, Goma-Kiwanja-Rwindi-Kanyabayonga-Lubero ; Navigation sur le lac Kivu entre Goma et Bukavu ; La réouverture immédiate de l’aéroport de Goma.
Les participants au sommet ont exprimé leur profonde préoccupation face à l’escalade de la violence à Goma et dans toute la région du Nord-Kivu. Ils ont souligné l’impact humanitaire désastreux, en particulier pour les femmes et les enfants.
Le sommet a également réaffirmé son soutien aux initiatives diplomatiques de Luanda et de Nairobi, qui visent à trouver une solution pacifique au conflit. Toutefois, la RDC n’a pas obtenu la condamnation explicite du Rwanda qu’elle espérait. Le communiqué final du sommet ne mentionne pas de lien direct entre le régime de Kigali et le M23, alors que plusieurs pays occidentaux ont déjà établi cette connexion. Ce sommet, co-présidé par William Ruto (CAE) et Emmerson Mnangagwa (SADC), marque une étape importante dans la gestion de la crise sécuritaire en RDC. Cependant, la réussite de ces engagements dépendra de la volonté politique des États membres et de l’application rigoureuse des mesures annoncées.
L’histoire récente montre que les précédentes tentatives de cessez-le-feu ont échoué en raison de la complexité des dynamiques locales et des tensions géopolitiques. Reste à voir si cette nouvelle initiative conjointe portera enfin ses fruits.
Emille Kayomba