Le retrait officiel de João Lourenço de son rôle de médiateur dans la crise sécuritaire entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda marque un tournant décisif dans le processus de paix pour l’Est congolais. L’annonce, faite par la Présidence angolaise ce samedi, intervient quelques semaines après que João Lourenço ait accédé à la tête de l’Union africaine, un poste dont les exigences l’obligent à se désengager de son rôle antérieur.
La réunion virtuelle du bureau de l’Union africaine, dirigée par le président angolais, a porté sur la désignation d’un nouveau médiateur pour la crise entre Kinshasa et Kigali, alimentée par le soutien présumé du Rwanda au mouvement rebelle M23/AFC. Selon la présidence angolaise, des consultations seront lancées auprès des États membres pour déterminer le profil du successeur, dont le nom sera dévoilé à l’issue du processus.
Le retrait de João Lourenço intervient à un moment délicat. Son rôle dans le processus de Luanda, amorcé depuis 2022, visait à désamorcer les tensions grandissantes entre les deux pays. Toutefois, la persistance des affrontements dans l’Est de la RDC, notamment au Nord-Kivu, et la progression du M23 ont mis à mal les espoirs de stabilisation rapide.
Pour pallier ce vide, l’Union africaine envisage de renforcer l’équipe de facilitation en fusionnant les initiatives de Luanda et de Nairobi. Cette nouvelle structure comptera désormais cinq facilitateurs : Uhuru Kenyatta (Kenya), Sahle-Work Zewde (Éthiopie), Catherine Samba-Panza (République centrafricaine), Olusegun Obasanjo (Nigeria), Kgalema Motlanthe (Afrique du Sud)
La nouvelle composition répond également à une exigence exprimée par Kinshasa : intégrer davantage de femmes dans le processus de médiation, afin de refléter une approche plus inclusive et équilibrée dans la gestion des conflits régionaux.
Cette restructuration vise à mieux coordonner les efforts régionaux et à renforcer la complémentarité entre les processus en cours, tout en créant un cadre plus cohérent pour faire pression sur les acteurs impliqués et encourager une désescalade durable.
Pour les autorités congolaises, le prochain médiateur devra afficher une neutralité exemplaire, tout en faisant preuve d’une capacité à obtenir des engagements concrets, en particulier du Rwanda, régulièrement accusé par Kinshasa et l’ONU de soutenir les groupes rebelles dans l’Est.
Alors que les violences se poursuivent, notamment dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, la désignation du nouveau médiateur représente un enjeu diplomatique majeur. Elle pourrait marquer soit un regain d’espoir pour la paix, soit une nouvelle phase d’incertitudes si elle ne s’accompagne pas d’un engagement fort de toutes les parties prenantes.
La rédaction de b-onetv.cd