La tension reste vive dans le territoire de Kalehe, dans la province du Sud-Kivu, où au moins douze agglomérations sont passées sous le contrôle des groupes armés dits Wazalendo. Ces milices locales, conduites par des chefs auto-proclamés dont Bahigi Maguru (APDC/RAD), Kirikicho Marimba (COPACO) et Haguma Mic Mic (MCDPN), ont mené une série d’offensives contre les positions occupées jusque-là par les rebelles du M23.
Selon des sources locales et des membres de la société civile, les affrontements ont commencé il y a plusieurs jours, mais se sont intensifiés depuis le 8 avril. Les Wazalendo ont rapidement avancé, reprenant plusieurs localités dont Lemera, Bushaku 1 et 2, Nyabarongwa, Mwamiwa Idjwi et Chizi. Le 9 avril, la dynamique s’est accélérée. Les forces locales ont réussi à chasser le M23 de plusieurs autres agglomérations stratégiques, notamment la cité de Lumbishi, Igali, Bishaka, Shanje, Chambombo, Kafufula et Katale.
« Depuis hier à 15h, les Wazalendo ont récupéré Lumbishi et d’autres zones que le M23 occupait. Il y a eu des combats violents, mais les rebelles ont été délogés », a confié un membre influent de la société civile locale. Toutefois, la situation demeure instable. Depuis la matinée de ce jeudi 10 avril, de nouveaux affrontements ont éclaté sur l’axe Lemera-Bugamanda, où le M23 a lancé des contre-offensives pour tenter de reprendre les localités perdues.
Ces affrontements interviennent dans un contexte tendu, marqué par la récente nomination des nouvelles autorités locales à Minova – un administrateur, son adjoint et un chef de cité. Certaines voix estiment que cette réorganisation administrative a pu raviver les tensions entre groupes armés en quête de contrôle territorial.
La population civile, quant à elle, paie un lourd tribut. Des milliers de familles fuient les zones de combat, cherchant refuge dans les localités encore épargnées. Des appels à la désescalade et à l’intervention des forces régulières se multiplient, alors que le spectre d’un embrasement généralisé du territoire de Kalehe inquiète les observateurs.
Face à cette situation, les autorités provinciales et nationales sont appelées à réagir urgemment pour éviter une détérioration supplémentaire de la sécurité dans cette région déjà fragile de l’est de la République démocratique du Congo.
Feza Micka