La hausse des prix, c’est le constat général observé sur les marchés des biens et services ce dernier temps en République Démocratique du Congo. Rien n’échappe à la surenchère, principalement dans les grands centres, où parfois la spéculation guide les opérateurs véreux. Des produits alimentaires aux vêtements, en passant par l’énergie, électroménagers et les consommables diverses, tout est devenu de plus en plus cher, et le pouvoir d’achat n’a jamais été si menacé à ce point. Quelles sont les nouvelles tendances sur les marchés de consommation et de change ? Qu’est-ce qui est à la base de cette inflation généralisée? Que fait le gouvernement pour encadrer les prix sur terrain et sauver une économie déjà à l’agonie?

Sur les marchés urbains et municipaux de Kinshasa par exemple, farine, huile de table, poissons, viandes ou légumes et fruits ne coûtent pas le même montant qu’il y a une année, voir, moins que ça. Dans les établissements de vente libre-service en détails appelés super marché, les réalités sont parfois autres, il faut avoir un porte-monnaie garni pour se procurer les produits frais, épicerie, liquides, surgelés et produits non alimentaires d’entretien, toilette, ou quincaillerie. Dans le domaine des services, la téléphonie, les transports en commun ne sont pas en reste. Tous les produits et services de première nécessité ont pris de l’ascenseur, avec eux, le taux de change.
Pour un environnement professionnel dominé par les agents publics, rémunérés en monnaie nationale, la dépréciation du franc congolais face aux devises étrangères, est une perte énorme, surtout du pouvoir d’achat. Actuellement, un dollar américain se négocie à 2300 francs congolais. Dans sa dernière note de conjoncture économique, la Banque Centrale justifie cette situation par la surliquidité de la monnaie locale constatée dans les banques commerciales, bien que les réserves de change ont dépassé aujourd’hui les 4 milliards de dollars. D’où, l’instabilité monétaire est devenue un autre élément dangereux qui affole les marchés en RDC.

Mais selon les spécialistes, cette conjoncture difficile, est consécutive au contexte économique international. Les causes lointaines sont notamment à rechercher dans la crise sanitaire du COVID-19 qui a mis à genoux les économies du monde, à travers la baise de la production dûe au confinement en 2020 et 2021. L’on évoque aussi la guère russo-ukrainienne, qui a freiné le trafic des navires, principalement sur la mer noire, la voie majeure de transport des biens d’importation consommés dans le monde et particulièrement au Congo Kinshasa. La cause la plus proche de cette crise, demeure la forte dépendance de l’économie congolaise de l’extérieur. La production locale est faible, et ne favorise pas la résilience en cas de crise de toute nature.
Pour maîtriser l’inflation qui a dépassé les 13 % à fin avril 2023, le Gouvernement de la République a recouru à une méthode fortement critiquée par certains observateurs : la suspension de la TVA sur certains produits, notamment, sur ceux de première nécessité. Malgré cette mesure, les prix des biens de consommation sont restés en hausse et la population se demande où serait passé l’équilibre promis par le gouvernement.

Il est vrai que la taxe sur la valeur ajoutée représente en moyenne 20% des revenus fiscaux du pays. Ailleurs, c’est plus de la moitié de toutes les recettes confondues. Déjà que la culture du reversement de cet impôt peine à se consolider, la suspendre, est une occasion donnée aux contribuables concernés, pour la plupart insolvables, à continuer à la profaner, et c’est un manque à gagner pour le gouvernement’, a souligné un observateur. Dans tous les cas, l’État perd et le pouvoir d’achat des consommateurs congolais s’effondre davantage. Entre-temps, toutes les politiques économiques annoncées par les décideurs ne cessent de démontrer leurs limites.
Constatin Ntambwe