Alors que l’Angola, sous la médiation de son président João Lourenço, tente de raviver les pourparlers de paix entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, les désaccords sur le format du dialogue avec le M23, groupe armé actif dans l’est de la RDC, compliquent les avancées. La méfiance entre Kinshasa et Kigali, exacerbée par des accusations mutuelles, continue d’entraver les efforts de résolution de cette crise sécuritaire persistante.
Le M23, un groupe rebelle majoritairement composé de Tutsis congolais, est accusé par Kinshasa d’être soutenu par le Rwanda, ce que Kigali dément. Depuis la reprise des hostilités en 2022, le conflit a provoqué des déplacements massifs de populations et une instabilité accrue dans le Nord-Kivu.
Lors d’une déclaration récente, le président congolais Félix Tshisekedi a réaffirmé sa position ferme : « Le M23 est un instrument de déstabilisation piloté depuis Kigali. Nous ne dialoguerons avec eux qu’une fois qu’ils auront évacué nos territoires occupés. » Cette prise de position souligne la méfiance persistante entre les deux pays. De son côté, le président rwandais Paul Kagame a rejeté les accusations congolaises : « Le Rwanda ne soutient aucun groupe armé en RDC. Cette crise résulte des problèmes internes de gouvernance et d’intégration de certaines communautés en RDC. Nous ne pouvons être un bouc émissaire permanent. »
Albert Ntamwabo, ministre rwandais des Affaires étrangères, a insisté sur la nécessité de traiter les causes profondes du conflit : « Les revendications des communautés marginalisées, notamment les Tutsis congolais, doivent être prises en compte dans tout dialogue sérieux. Ignorer cela, c’est prolonger la crise. » Thérèse Kayikwamba, ministre congolaise des Affaires étrangères, a pour sa part rejeté cette approche : « Le Rwanda doit cesser ses interférences en RDC et permettre à notre pays de résoudre ses problèmes de souveraineté. Aucun dialogue avec le M23 ne pourra être envisagé sans un retrait complet des zones occupées. »
Sous l’impulsion de João Lourenço, l’Angola tente de relancer les négociations après l’échec de plusieurs accords de cessez-le-feu. En parallèle, Uhuru Kenyatta, ancien président kényan, mandaté par la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) pour piloter des discussions entre les parties en conflit peinent à convaincre. Les résultats escomptés tardent à se concrétiser. L’implication de Uhuru Kenyatta pouvait permettre de raviver les discussions, mais la méfiance entre Kinshasa et Kigali risque de persister.
Le rôle de la force de l’EAC à été contesté, lors du sommet de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) en Tanzanie, la RDC avait annoncé qu’elle ne renouvellerait pas le mandat de la force régionale, très critiquée pour son inefficacité à contenir les avancées du M23. Ce mandat arrivé à échéance le 8 décembre 2023, a illustré le manque de consensus régional. L’avenir des négociations reste incertain, notamment face à l’intransigeance des deux camps.
Alors que des millions de civils continuent de subir les conséquences de ce conflit, il devient impératif que les acteurs régionaux et internationaux redoublent d’efforts pour instaurer une paix durable. Si un dialogue inclusif semble être la clé, celui-ci reste tributaire d’une volonté politique encore fragile de part et d’autre.
La rédaction de b-onetv.cd