La République démocratique du Congo (RDC) et la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) traversent une période de tensions croissantes, marquée par la rupture de l’accord d’intervention militaire de la force régionale de la CAE dans l’Est du pays. Face à cette situation, le président congolais Félix Tshisekedi a décliné l’invitation au sommet extraordinaire convoqué par son homologue kényan, William Ruto, pour discuter de la crise sécuritaire persistante.
L’adhésion de la RDC à la CAE en avril 2022 avait suscité l’espoir d’une coopération régionale plus efficace pour lutter contre l’insécurité dans l’Est du pays. Dans ce cadre, la Force régionale de la CAE (EACRF) avait été déployée fin 2022, avec pour mission de stabiliser les zones en proie aux violences des groupes armés, notamment le M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa. Cependant, au fil des mois, l’efficacité de cette mission a été remise en question. Kinshasa a accusé la force régionale de passivité face à la progression du M23 et d’un manque de fermeté envers Kigali, perçu comme le principal instigateur du conflit. Cette insatisfaction a conduit la RDC à ne pas renouveler le mandat de l’EACRF, dont le retrait définitif s’est opéré en décembre 2023.
Dans un contexte de crise persistante, William Ruto, en tant que président en exercice de la CAE, a annoncé la tenue d’un sommet extraordinaire pour tenter de désamorcer les tensions. Cependant, Félix Tshisekedi a décidé de ne pas y prendre part, un geste illustrant le mécontentement profond de Kinshasa vis-à-vis de l’organisation régionale. « Le président Félix Tshisekedi suit de près l’évolution de la situation à l’Est du pays. Toutefois, il n’a pas prévu de participer à la réunion convoquée par le président William Ruto », a déclaré Giscard Kusema, directeur adjoint de la cellule de communication présidentielle.
Ce refus semble souligner la rupture entre la RDC et la CAE sur la gestion du conflit. Kinshasa reproche notamment à certains États membres de la communauté, en particulier le Rwanda, de ne pas respecter les principes de bon voisinage et d’encourager l’instabilité dans la région.
Le président Tshisekedi s’exprimera dans un message radiotélévisé depuis Kinshasa, confirmant une ligne politique ferme face à la situation. La RDC privilégie désormais une approche différente, en renforçant sa coopération avec la SADC, qui a récemment annoncé l’envoi de troupes pour soutenir les Forces armées congolaises (FARDC). De son côté, William Ruto a exhorté toutes les parties à privilégier le dialogue et à cesser immédiatement les hostilités. Il a insisté sur la nécessité d’une coordination entre la CAE, l’Union africaine et la communauté internationale pour éviter une escalade du conflit.
Le rejet de ce sommet par la RDC et la fin de la mission de l’EACRF marquent un tournant dans les relations entre Kinshasa et la CAE. La RDC semble vouloir réévaluer son engagement au sein de cette organisation, d’autant que certains États membres sont accusés d’entretenir des liens ambigus avec des groupes armés déstabilisant l’Est du pays. Alors que la situation reste tendue, cette rupture met en lumière les limites des mécanismes régionaux de résolution des conflits et pose la question du rôle que la RDC souhaite jouer dans l’avenir de la CAE.
La rédaction de b-onetv.cd