Lors d’un échange de vœux avec le corps diplomatique et consulaire accrédité au Burundi, le vendredi 31 janvier 2025, le président Évariste Ndayishimiye a exprimé ses vives préoccupations quant à la situation sécuritaire en Afrique de l’Est. Il a directement mis en cause le Rwanda, accusant son voisin d’alimenter l’instabilité régionale, notamment en soutenant des groupes armés actifs en République démocratique du Congo (RDC).
Le chef de l’État burundais a dénoncé l’implication du Rwanda dans le conflit congolais, affirmant que Kigali armait et formait des réfugiés burundais pour les impliquer dans les combats en RDC. « Si le Rwanda continue à faire des conquêtes dans le territoire et dans notre pays, il arrivera aussi au Burundi », a-t-il averti. Ndayishimiye a cependant assuré que son pays ne se laisserait pas entraîner dans une guerre généralisée.
Il a également souligné que cette crise sécuritaire ne se limitait pas au Burundi et à la RDC, mais qu’elle menaçait l’ensemble de la région. « Nous avons une menace dans la région. Ce n’est pas le Burundi seulement. La Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, toute la région est concernée », a-t-il martelé.
Face à cette situation inquiétante, le président burundais a exhorté la communauté internationale à agir pour éviter une escalade. Il a dénoncé un « silence » face aux événements en cours, avertissant que l’inaction risquait de conduire à une détérioration encore plus grave de la sécurité régionale.
Les déclarations de Ndayishimiye interviennent dans un climat de tensions persistantes entre le Burundi et le Rwanda. Déjà en janvier 2024, Bujumbura avait décidé de fermer ses frontières terrestres avec Kigali, accusant Paul Kagame de soutenir le groupe rebelle RED-Tabara, actif dans l’est de la RDC. Le Rwanda a toujours nié ces accusations.
Le président burundais a rappelé que la crise en RDC affectait également des pays plus éloignés, comme l’Afrique du Sud, dont les troupes sont engagées au sein de la SADC en RDC. « Les Sud-Africains souffrent à l’Est du Congo. Pourtant, regardez où se trouve l’Afrique du Sud ! », a-t-il déclaré, soulignant l’ampleur du problème. Selon lui, sans une réponse concertée, chaque pays risque de se retrouver seul face aux conséquences de l’instabilité. Il a insisté sur la nécessité d’une coopération régionale renforcée pour contrer la menace croissante posée par les groupes armés soutenus, selon lui, par Kigali.
Le Burundi est engagé aux côtés de la RDC dans la lutte contre les groupes armés opérant à l’Est du pays. En août 2023, Bujumbura et Kinshasa avaient signé un accord de défense visant à combattre ces factions. Des troupes burundaises avaient été déployées au Sud-Kivu dans le cadre de la force régionale de l’EAC.
Mais face à la reprise des combats par le M23 et au manque de soutien de la communauté internationale, les efforts burundais semblent inefficaces. « Aujourd’hui, le Rwanda avance en RDC. Demain, il viendra au Burundi », a prévenu Ndayishimiye. « Nous savons qu’il est en train de former des jeunes réfugiés burundais pour les aguerrir dans cette guerre. Nous sommes avertis. »
Les relations entre Bujumbura et Kigali restent particulièrement tendues. Malgré quelques tentatives de rapprochement ces dernières années, la méfiance demeure profonde. La fermeture des frontières en janvier 2024 témoigne de la gravité de la situation. « Nous ne voulons pas d’une guerre généralisée, mais nous ne nous laisserons pas faire », a averti Ndayishimiye, appelant la communauté internationale à prendre au sérieux la menace sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Alors que les tensions restent vives dans la région des Grands Lacs, le Burundi se positionne en vigile attentif, prêt à défendre son territoire face à ce qu’il considère comme une menace imminente.
La rédaction de b-onetv.cd