Depuis quelques jours, les réseaux sociaux s’animent autour d’une série de caricatures intrigantes : Tintin, le célèbre reporter belge imaginé par Hergé, déambule cette fois-ci non pas dans les rues de Moulinsart ou du Congo colonial d’antan, mais dans le tumulte urbain de Kinshasa d’aujourd’hui. Accompagné, bien sûr, de son fidèle Milou, il s’invite dans les coins les plus inattendus : un malewa bondé, une file interminable à la banque, un bureau administratif chaotique ou encore au cœur d’un embouteillage monstre.

Mais pourquoi Tintin ? Pourquoi maintenant ?Tintin, miroir d’un Kinois lambda. Ce choix ne relève pas du hasard. Figure de neutralité, de curiosité et d’audace, Tintin incarne ici le Kinois moyen : sans relations politiques, sans passe-droit, mais avec un regard vif et un besoin viscéral de comprendre ce qui ne tourne pas rond. Il devient le témoin – parfois médusé, parfois ironique – des réalités sociales et économiques de la capitale congolaise.
Ces caricatures générées par intelligence artificielle capturent, avec une étonnante justesse, les incohérences du quotidien : l’attente devant un distributeur vide, les coupures de courant, la débrouille dans les transports en commun, ou encore les multiples tentatives d’un citoyen ordinaire pour obtenir un document officiel.

À travers ces images, c’est une satire douce-amère qui s’exprime. Pas de grands discours ni de dénonciation frontale. Juste une série de scènes banales rendues presque absurdes par leur fréquence et leur banalisation. L’humour, ici, ne cherche pas seulement à faire sourire. Il sert d’arme douce pour piquer les consciences et faire émerger la réflexion.
Ce Tintin kinois ne propose pas de solutions, mais il pose les bonnes questions. Et surtout, il les pose sans langue de bois ni crainte de froisser tel ou tel camp. En cela, il bouscule les codes habituels du commentaire social en RDC, souvent polarisé.

Derrière chaque scène – qu’elle montre Tintin surpris par le coût d’une course en taxi ou tentant de comprendre les tarifs de l’électricité – se cache un message bien plus profond : celui de la résilience, de l’espoir et de l’absurde normalité à laquelle les Kinois ont fini par s’habituer.
Cette caricature moderne rend hommage au vécu urbain, tout en l’interrogeant. Elle donne une voix à ceux qui, chaque jour, subissent sans pouvoir s’exprimer. Elle montre aussi que le changement ne viendra peut-être pas d’un grand héros providentiel, mais de la prise de conscience collective – même à travers le prisme d’un personnage fictif.

Les aventures de “Tintin à Kinshasa” ne font que commencer. Et si notre reporter n’a peut-être plus besoin d’une fusée pour explorer la Lune, il découvre chaque jour, dans les rues de Kinshasa, un monde tout aussi complexe et fascinant.
Restez connectés : parce qu’à travers la BD, le dessin et le rire, c’est peut-être un nouveau regard sur nous-mêmes que nous commençons à apprivoiser.
Junior Kulele