Le 1er avril 2024, Judith Suminwa entrait dans l’histoire en devenant la première femme à diriger le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC). Son accession à la primature était porteuse d’espoir, symbolisant une avancée vers l’égalité des genres et une modernisation politique du pays. Un an après, l’heure est à l’évaluation : son mandat a-t-il été à la hauteur des attentes et des défis auxquels la RDC est confrontée ?
Une gouvernance sous haute tension
Dès son arrivée à la primature, Judith Suminwa a hérité d’un contexte politique et économique complexe. La situation sécuritaire dans l’Est du pays est restée précaire, marquée par des affrontements récurrents entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et les groupes armés, notamment le M23.
Sur le plan diplomatique, la Première ministre a joué un rôle actif dans le renforcement des relations avec les pays voisins et les organisations internationales. Son engagement dans les discussions pour le retrait des forces étrangères présentes sur le territoire congolais a été salué par certains analystes, bien que des tensions subsistent.
Des réformes amorcées mais insuffisantes
Judith Suminwa avait annoncé plusieurs chantiers prioritaires, notamment la modernisation du secteur public, l’amélioration des infrastructures et la lutte contre la corruption.
Numérisation de l’administration : Des efforts ont été faits pour digitaliser certains services publics, mais le processus reste freiné par des lenteurs bureaucratiques et un manque d’infrastructures adaptées.
Lutte contre la corruption : Si des déclarations fermes ont été faites, les résultats concrets peinent à se matérialiser. Des observateurs estiment que la résistance de certains cercles politiques complique l’application de mesures rigoureuses.
Amélioration des infrastructures : Des projets de réhabilitation des routes et de construction de bâtiments publics ont été lancés, notamment avec l’inauguration du barrage Grand Bangui et l’investissement dans le programme STAR-EST, mais leur impact sur la vie quotidienne de la population reste limité.
Des attentes non comblées sur le plan social
L’un des domaines où le gouvernement Suminwa a le plus d’efforts à fournir concerne les politiques sociales.
Santé et éducation : L’amélioration de l’accès aux soins et à l’éducation a été régulièrement mise en avant par le gouvernement, mais la réalité sur le terrain montre peu d’avancées significatives.
Conditions de vie des populations vulnérables : Des ONG ont critiqué la lenteur des politiques publiques destinées à soutenir les populations les plus précaires.
Un bilan contrasté, une année décisive en perspective
Après un an à la tête du gouvernement, Judith Suminwa s’est imposée comme une figure politique influente, mais son bilan demeure mitigé. Si elle a réussi à maintenir une certaine stabilité politique et à impulser des réformes importantes, l’ampleur des défis auxquels fait face la RDC exige des avancées plus concrètes.
L’année 2025 s’annonce donc cruciale : les efforts en matière de sécurité, de justice et d’économie devront s’accélérer pour que son mandat soit perçu comme un tournant décisif plutôt qu’une occasion manquée.
Junior Kulele