L’ancien directeur de cabinet du Président de la République vital Kamerhe a regagné Kinshasa la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) dans la nuit de ce 18 avril 2022, d ans une sobriété et discrétion inouïes, accompagné de son épouse. Il rentre au pays après un séjour de trois mois à l’étranger où il a bénéficié des soins de santé appropriés.
Ce retour discret n’a pas su empêcher les friands de l’actualité politique et les analystes de cogiter et commenter autour de cette question. Il y a deux grandes tendances qui se dégagent, d’un côté il y a de ceux qui croient que Vital Kamerhe vient pour affronter la justice et en finir avec son procès. Il est de notoriété que le président de l’UNC est sous le coup d’une condamnation de la justice congolaise bien que la Cour de cassation venait récemment d’annuler la décision de la Cour d’appel le condamnant en appel à 13 ans de servitude pénale dans la fameuse affaire des maisons préfabriquées.
En finir avec la justice, c’est aussi venir se battre pour récupérer coûte que coûte sa pleine liberté, se laver de tous les griefs à sa charge. Il faut dire que ce n’est pas un pari gagné d’avance, car il est difficile à ce stade de prédire l’issue de cette procédure judiciaire par contre rien est exclu surtout si la politique s’invite au débat.
De l’autre côté, il y a ceux qui trouvent dans ce retour de Vital Kamerhe, au delà d’être lavé, une occasion d’exhumer l’accord de Nairobi qui a donné naissance à la coalition Cap pour le Changement (CACH). Ce qui revient à dire que le Président de la République veut revenir aux termes de cette entente qui a attribué le poste de Premier Ministre au leader de Walungu, pour soutenir le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi qui vraisemblablement, pensent plusieurs observateurs, est en manque d’une ou des têtes capables d’élaborer des offres politiques fignolées afin de renforcer la machine à réflexion du régime au pouvoir. Une possibilité à ne pas mettre de côté car en politique tout est possible, surtout si l’on considère que les élections pointent à l’horizon.
Dans tous les cas, il y a des enjeux majeurs pour le chef de l’actuelle mouvance au pouvoir, dans un pays comme la RDC, l’opinion ne voit que le grand chef comme celui qui doit endosser toutes les responsabilités des gouvernants à tous les niveaux.
La libération de Vital Kamerhe donnera un coup léger à l’image de ce dirigeant qui n’interfère pas dans le fonctionnement de la justice que s’est donné Félix Tshisekedi, car sa main serait vue derrière les officines politiques. En revanche il ne faut aussi pas perdre de vue que pour le Président de la République qui a déjà affiché clairement son ambition de briguer un deuxième mandat, a l’idée de maximiser les chances de son côté, au regard de l’ancrage du prédécesseur de Guylain Nyembo dans la partie Est du pays.
L’évolution politique va clarifier la position de tous les partis membres de l’Union Sacrée. Mettre en place aussi un nouveau gouvernement avec à la tête Vital Kamerhe n’est pas une tâche aisée, cela va enfocer l’efficacité de l’action quinquennale de Félix Tshisekedi, s’il faut prendre en compte le temps que les montages politiques peuvent prendre pour la formation d’un gouvernement, sans compter les frustrations que ce changement peut engendrer.
A ce stade, toutes les cartes sont entre les mains du Chef de l’Etat, qui doit non seulement jouer de son pouvoir entant que le premier des congolais, mais aussi et surtout, se doter suffisamment d’une intelligence nourrie des profondes réflexions qui dans tous les sens évitera le pire.
Émille Kayomba / B-onetv.cd