Le secteur de la justice en République Démocratique du Congo (RDC) a été au cœur des débats en 2024, marqué par des réformes ambitieuses mais aussi par des défis persistants. Avec l’arrivée de Constant Mutamba en mai dernier comme ministre de la Justice et garde des Sceaux, l’opinion publique a été frappée par sa détermination à redynamiser un système judiciaire miné par la corruption et l’inefficacité.
Dès son entrée en fonction, Constant Mutamba a entrepris plusieurs initiatives majeures, soutenues par le président Félix Tshisekedi. Parmi ces réformes : Le désengorgement des prisons : Des projets de loi ont été élaborés pour améliorer les conditions carcérales et réduire la surpopulation dans les prisons, notamment par des mesures alternatives à la détention préventive. La bancarisation des frais de justice : Une commission a été mise en place pour moderniser les services administratifs et instaurer une gestion électronique des frais judiciaires, afin de lutter contre la corruption et les pertes de revenus.
Les états généraux de la justice : En novembre 2024, ces assises ont réuni plus de 3 500 participants, dont des juristes, des experts nationaux et internationaux, ainsi que des défenseurs des droits humains. L’objectif était d’évaluer les réformes de 2015 et de proposer une nouvelle politique nationale pour la justice. Parallèlement, le gouvernement a intensifié la lutte contre les réseaux mafieux qui gangrènent le secteur judiciaire, dénonçant les pratiques corruptives et réaffirmant son engagement en faveur de l’État de droit.
L’année 2024 a été jalonnée par des procès significatifs illustrant la volonté de la RDC de promouvoir la justice : Le procès contre le Rwanda : Kinshasa a annoncé qu’elle poursuivrait Kigali devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples à Arusha, Tanzanie. Prévu pour le 12 février 2025, ce procès s’inscrit dans une série de démarches judiciaires en réponse aux accusations d’agressions et de violations des droits humains dans l’est du pays. Le procès de Donat Kwenga Omari : Cet ancien militaire des FARDC, devenu chef de groupes armés, est jugé pour des crimes contre l’humanité commis entre 2016 et 2021, notamment des viols, des meurtres et des actes de torture. Plus de 350 victimes sont impliquées, et les audiences se déroulent en audience foraine pour favoriser l’accès des témoins.
Malgré ces avancées, le système judiciaire congolais reste confronté à de nombreux défis : La corruption omniprésente, affectant la crédibilité des institutions judiciaires. Les coûts élevés des procédures judiciaires, limitant l’accès à la justice pour les populations vulnérables. Le manque d’infrastructures et de personnel qualifié, entravant le fonctionnement des tribunaux. L’influence politique, qui compromet l’indépendance de la justice. Les conflits armés, notamment dans l’est du pays, rendant difficile l’application des lois.
Pour surmonter ces obstacles, des réformes structurelles profondes sont nécessaires. La sensibilisation des citoyens à leurs droits, le renforcement de l’indépendance judiciaire, ainsi qu’un engagement ferme en faveur de la transparence et de l’intégrité seront essentiels. Constant Mutamba et son équipe ont tracé une voie ambitieuse, mais seule une mise en œuvre rigoureuse et inclusive permettra de transformer durablement le système judiciaire congolais et de restaurer la confiance des citoyens.
La rédaction de b-onetv.cd