La création d’Air Congo, nouvelle compagnie nationale de la République Démocratique du Congo (RDC), marque une étape clé dans la transformation du secteur aérien congolais. Officiellement annoncée par le Vice-premier ministre Jean-Pierre Bemba, cette initiative repose sur un partenariat stratégique avec Ethiopian Airlines, qui détient 49 % des parts. La RDC conserve la majorité (51 %) grâce à un investissement total de 40 millions USD.
Avec l’objectif de relier efficacement le Congo au reste du monde, Air Congo ambitionne de bâtir un réseau de transport fiable et sécurisé. La compagnie prévoit de lancer ses opérations avec une flotte composée de dix avions : huit Boeing 737 pour les trajets régionaux et deux Dreamliners pour les liaisons internationales. Parmi les destinations phares annoncées figurent Bruxelles, Paris et Dubaï, répondant à une demande croissante en connectivité pour les Congolais et les voyageurs d’affaires.
Outre ses ambitions commerciales, Air Congo entend jouer un rôle moteur dans le développement local. La compagnie prévoit de créer une école de pilotage et un service technique certifié Boeing sur le sol congolais. Ces initiatives visent à former des pilotes, ingénieurs et techniciens locaux, favorisant ainsi l’autonomie et le renforcement des compétences nationales dans le secteur aérien.
Malgré cet élan prometteur, Air Congo fait face à de nombreux défis structurels et économiques. Le secteur aérien congolais est depuis longtemps handicapé par des infrastructures vieillissantes, un déficit de sécurité et une régulation insuffisante. Ces problèmes sont exacerbés par la crise récente de Congo Airways, ancienne compagnie nationale, qui n’a pas renouvelé son contrat de leasing avec Kenya Airways. Cette situation suscite des inquiétudes sur la capacité d’Air Congo à s’imposer dans un marché complexe.
Jean-Pierre Bemba a cependant indiqué que le recours au leasing pour constituer la flotte d’Air Congo est une approche pragmatique. Ce modèle, basé sur une location avec option d’achat, permet d’accéder à des appareils modernes tout en limitant les coûts initiaux. Toutefois, cette stratégie comporte des risques financiers, notamment si la compagnie ne parvient pas à générer des revenus suffisants pour couvrir ses engagements.
La sécurité aérienne constitue également un enjeu majeur. Les tragédies passées et les défis liés au respect des normes internationales ont entaché la réputation du transport aérien en RDC. Air Congo devra donc investir massivement dans la maintenance, la formation du personnel et l’amélioration des opérations pour regagner la confiance des passagers.
Malgré ces obstacles, Air Congo incarne-t-elle une lueur d’espoir pour le secteur aérien congolais ? Jean-Pierre Bemba reste confiant quant au potentiel de la compagnie, notamment face à la croissance continue de la demande en transport aérien. La concurrence avec d’autres acteurs, comme Congo Airways, pourrait encourager des innovations et une amélioration des services au profit des passagers.
Le vol inaugural de ce 11 décembre 2024, a été un moment décisif pour évaluer la faisabilité de ce projet ambitieux. La réception du premier Boeing 737-800, le 30 novembre 2024 à l’aéroport international de N’Djili, marque déjà un engagement concret du gouvernement congolais. Par ailleurs, l’ajout de quatre nouveaux avions d’ici juin 2025 témoigne de la volonté d’Air Congo de s’imposer rapidement comme un acteur incontournable dans la région.
En conclusion, Air Congo se positionne comme un symbole de la renaissance du secteur aérien congolais, porteur d’espoir pour une connectivité renforcée et un impact économique positif. Cependant, son succès dépendra de sa capacité à relever les défis liés à la sécurité, à la rentabilité et à la modernisation des infrastructures. Le ciel congolais est-il prêt pour ce nouvel envol ? Les prochains mois seront cruciaux pour répondre à cette question et définir l’avenir de l’aviation en RDC.
La rédaction de b-onetv.cd