Lors du briefing presse tenu le mardi 11 mars 2025, le ministre d’État en charge des Infrastructures et Travaux Publics, Alexis Gisaro, s’est exprimé sur la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Aux côtés du ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya, il a dénoncé l’argument avancé par Kigali, selon lequel le Rwanda interviendrait pour protéger la communauté tutsie en RDC.
« Les Tutsis congolais font partie intégrante de la nation congolaise et n’ont nullement besoin d’une protection du Rwanda. Cette prétendue justification n’est qu’un prétexte utilisé par Kigali pour poursuivre son pillage des ressources naturelles de notre pays. Cette guerre que le régime rwandais alimente à l’Est de la RDC est avant tout économique. »
Le ministre a rejeté catégoriquement toute ingérence rwandaise, affirmant que les Congolais d’origine tutsie veulent vivre en paix avec les autres communautés du pays, sans être instrumentalisés. « Nous, Tutsis congolais, n’avons pas besoin d’une quelconque protection du Rwanda. Les motifs avancés par Kigali ne sont qu’un écran de fumée pour masquer des intérêts cachés. Nous refusons d’être utilisés comme un prétexte et voulons vivre en harmonie avec les autres communautés de la RDC. »
Le ministre Gisaro a tenu à rappeler que la RDC n’est pas traversée par des conflits interethniques nécessitant l’intervention d’un pays voisin. Il a lui-même accédé à des fonctions ministérielles, tout comme d’autres personnalités d’origine tutsie avant lui, certaines ayant même occupé des postes de vice-présidence. « Il peut exister des tensions internes, comme dans toute société, mais cela ne justifie en aucun cas l’ingérence d’un État étranger. »
Cette déclaration du ministre Gisaro intervient à un moment où Kinshasa semble évoluer dans sa position concernant un dialogue avec le M23. Alors que Félix Tshisekedi qualifiait encore récemment ces rebelles de « pantins » du Rwanda, une rencontre entre le Président congolais et son homologue angolais, João Lourenço, à Luanda, a ravivé l’idée d’une médiation.
La présidence angolaise a d’ailleurs annoncé une initiative visant à réunir Kinshasa et les rebelles du M23 autour d’une même table, bien que cette option demeure controversée au sein de l’opinion publique congolaise.
Emille Kayomba