Depuis quelque temps, les réseaux sociaux résonnent d’un refrain qui fait vibrer l’Afrique et au-delà : « Kasongo Yéyé, Mobali Nanga » (Kasongo, mon mari). Le phénomène a pris une telle ampleur que même le président kényan William Ruto, accueilli 2025 en dansant sur cette chanson culte, s’est vu attribuer le surnom de « Kasongo« . Mais d’où vient cette chanson, et pourquoi est-elle si populaire aujourd’hui ?
Une chanson, une histoire d’amour et d’abandon
« Kasongo » est une chanson emblématique datant de 1977, composée par l’orchestre Super Mazembe, un groupe de rumba congolaise très influent. Dans ce morceau, une épouse désespérée supplie son mari Kasongo de rentrer à la maison. Le refrain poignant « Kasongo Yéyé« , qui peut être traduit par « Kasongo, je t’en supplie, je meurs sans toi », incarne à la fois la douleur et l’espoir.
Selon la légende, cette chanson aurait vu le jour après une visite des membres de Super Mazembe au domicile de leur manager Kasongo wa Kanema, à Nairobi. Ne trouvant que son épouse, qui leur confiait n’avoir aucune nouvelle de son mari, ils auraient décidé d’utiliser la musique pour faire passer un message. À une époque où téléphones et réseaux sociaux n’existaient pas, cette initiative audacieuse portait un espoir universel : celui que Kasongo entende cet appel.
Le parcours de Kasongo wa Kanema
Né en République Démocratique du Congo, Kasongo wa Kanema s’est établi au Kenya avec Super Mazembe en 1974. Manager du groupe, il était aussi un chanteur de talent, reconnu pour sa voix de ténor et son charisme. Avec des titres comme « Shauri Yako » et « Kasongo« , Super Mazembe a marqué la scène musicale d’Afrique de l’Est, dominant les années 70 et 80.
Malheureusement, Kasongo wa Kanema est décédé en 2020 à l’âge de 73 ans, alors qu’il préparait un album hommage à l’héritage musical de son orchestre. Lors d’une interview en 2017, il avait exprimé sa tristesse en évoquant la disparition de la majorité des membres du groupe, ne laissant que quatre survivants parmi les 13 musiciens d’origine.

La résurrection de « Kasongo »
La chanson avait perdu en popularité jusqu’à ce qu’Aloysius Bugingo, un célèbre homme d’affaires ougandais, la remette sous les projecteurs. Depuis, le refrain « Kasongo Yéyé » s’est propagé comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, inspirant des reprises humoristiques et des défis de danse, notamment au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Ce phénomène culturel a transcendé les frontières pour toucher l’Afrique centrale, l’ouest du continent et même des communautés africaines à l’étranger.
Le président kényan William Ruto, lui-même surnommé « Kasongo » par certains internautes, a contribué à cette résurgence. En dansant sur la chanson lors d’un événement, il a scellé son statut de morceau emblématique.
Kasongo : une icône intemporelle

L’engouement autour de « Kasongo » est un hommage posthume à Kasongo wa Kanema et à Super Mazembe. Ce morceau, né d’un simple appel d’une épouse à son mari, symbolise désormais l’universalité de l’amour et de la nostalgie. Il témoigne également du pouvoir de la musique à transcender les époques et à unir les générations.
Si aujourd’hui « Kasongo » est au centre de l’humour et de la célébration, il n’en reste pas moins une œuvre empreinte de profondeur et d’émotion, rappelant les grandes heures de la rumba congolaise. Et si vous entendez à nouveau ce refrain, n’oubliez pas de danser… comme Kasongo l’aurait voulu.
La rédaction de b-onetv.cd