C’est un dispositif protocolaire exceptionnel, mieux qu’un tapis rouge déroulé par l’empire du milieu, pour accueillir Félix Tshisekedi et son impressionnante délégation qui a fait le déplacement de Pékin pour le sommet chine – Afrique. Des ministres et des gouverneurs de province, voir aussi des chefs d’entreprises et établissements publics ont accompagné le Chef de l’État dans un rendez-vous où le pays de Lumumba figure parmi les privilégiés.

Haie d’honneur pour le Président de la République Démocratique du Congo, tête à tête avec son homologue Xi Jinping, suivi des longues journées d’échanges entre les officiels congolais, les membres du gouvernement et le milieu des affaires chinois. Tour à tour, Ministres, gouverneurs ou chefs d’entreprises congolais ont présenté les opportunités d’investissement dans une panoplie de domaines. Au bout du compte, la Chine a disposé en faveur de 33 pays présents, 50 milliards de dollars d’investissements repartis sur les 3 prochaines années. Les infrastructures, les énergies renouvelables, les sciences, les mines et l’agriculture, figurent parmi plusieurs domaines lorgnés par le pays de MAO.
Dans ses efforts d’étendre sa toile d’araignée, la Chine veut ratisser large dans une géopolitique internationale qui la classe parmi les favoris, notamment pour son développement économique et sa puissance devenue plurielle. L’empire du milieu, comme tous les pays du bloc occidental, aussi les communistes, rivalisent de gentillesse pour s’attirer la sympathie et l’amitié du tiers monde, cercle dans lequel la Chine avait déjà devancé les autres en se classant parmi les maillons faibles au lendemain de la 2e guerre mondiale.

Dans les milieux chinois, la RDC est chouchoutée pour ses potentiels en ressources naturelles, utiles au développement technologique durable basés essentiellement sur les minerais stratégiques. Plus loin, le pays de Félix Tshisekedi n’est pas seulement un débouché des matières les plus convoitées, mais aussi un gros marché des produits finis grâce à son abondante population.
Le voyage du Président de la République Démocratique à Beijing est le deuxième du genre et le 3e pour un Chef de l’Etat congolais, après Mobutu en 1974. La coopération entre la RDC et la République populaire de Chine, est devenue depuis novembre 2022 une histoire cinquantenaire. Les relations diplomatiques établies par les deux gouvernements ont été normalisées après la rencontre historique entre le Président Mobutu et l’empereur Mao Zedong, le 24 septembre 1974. Au terme de ce rapprochement, d’importants projets à l’actif de cette coopération, ont fait bénéficier au pays du Maréchal Roi du Zaïre, des infrastructures de base devenues des symboles de la vie publique, telles que le stade des Martyrs, le Palais du peuple et autres.

Mais depuis, la Chine est restée partenaire de la RDC, dans le domaine particulier des échanges commerciaux et l’exportation des minerais bruts, jusqu’à la signature du très controversé contrat cino-congolais en 2008, entre l’État congolais et le groupe des entreprises chinoises. La convention sino-congolaise qui a abouti à la création de la sicomines a octroyé aux associés chinois plus de 70% de gisements des mines du cuivre et du cobalt dans le Katanga, contre un gain qualifié de dérisoire pour la partie congolaise. Selon les conclusions de l’enquête publiée en février 2023 par l’Igf – Inspection Générale des Finances, la partie chinoise n’a honoré ses engagements qu’à hauteur de 3 milliards de dollars dans près de 15 ans dont 800 millions dans les infrastructures, contre des bénéfices de plus de 76 milliards pour la partie chinoise.
Heureusement, la renégociation du contrat chinois en 2023 a fait bénéficier à la RDC 7 milliards de gain considéré comme manque à gagner, qui sont orientés dans la construction des infrastructures de base sur toute l’étendue du pays. Au lendemain de cette 9e édition du FOCAC, la RDC et la Chine vont multiplier des rencontres de travail, afin de ficeler un programme de coopération multilatérale, qui pourrait contribuer au plan de développement économique et social de la RDC, en échange des matières premières du sol et sous-sol congolais.
Constantin Ntambwe