Le débat sur le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) en République démocratique du Congo (RDC) a pris une tournure inattendue début janvier 2025, après l’annulation par la Première ministre Judith Suminwa de l’arrêté signé par le ministre de l’Emploi, Ephraim Akwakwa. Ce dernier avait annoncé un réajustement du SMIG comme étant un « cadeau du président de la République », provoquant une onde de choc dans l’opinion publique.
Dans une correspondance datée du 10 janvier 2025, la Première ministre a sévèrement critiqué la démarche du ministre Akwakwa, qualifiant son arrêté de « non conforme à la procédure requise ». Selon Judith Suminwa, le texte souffre de « vice de forme » et a été pris en « incompétence matérielle ». Elle a ordonné son retrait immédiat, rappelant au ministre qu’un sujet d’une telle importance ne pouvait être traité de manière unilatérale.
Bien que désapprouvant la forme de l’arrêté, la Première ministre a reconnu la pertinence de la problématique. Dans son courrier, elle a souligné que la révision du SMIG s’inscrit dans la vision du président Félix Tshisekedi et dans le Programme d’Actions du Gouvernement, notamment en ce qui concerne la protection du pouvoir d’achat des Congolais. Elle a demandé au ministre de l’Emploi de revenir avec une proposition structurée, élaborée en collaboration avec le Conseil National du Travail et les autres parties prenantes. « Il est impératif que cette démarche respecte les principes de concertation sociale et d’inclusivité, » a-t-elle précisé.
Le ministre de l’Emploi avait pourtant fièrement annoncé, le 2 janvier 2025 au journal télévisé de la RTNC, une hausse du SMIG comme étant une initiative présidentielle. Ce passage médiatique, jugé prématuré, a suscité des attentes parmi la population congolaise, avant d’être refroidi par l’intervention de la cheffe du gouvernement. Cette situation expose un problème de coordination entre les membres du gouvernement, mais surtout, elle soulève des interrogations sur la réalité des mécanismes de prise de décision en RDC.
Le SMIG est un outil essentiel pour garantir un revenu décent aux travailleurs congolais, mais son réajustement doit tenir compte de plusieurs facteurs : la viabilité économique, les réalités du marché du travail et les pressions inflationnistes. Or, dans un pays où la majorité des citoyens vit sous le seuil de pauvreté, la question de son réajustement devient cruciale. Le récent épisode reflète aussi une dualité au sein du gouvernement : d’un côté, une volonté de répondre rapidement aux attentes sociales, et de l’autre, la nécessité de respecter des processus institutionnels.
Pour les observateurs, la balle est désormais dans le camp du ministre de l’Emploi et des partenaires sociaux pour proposer une réforme qui répondra aux aspirations légitimes des travailleurs, tout en évitant des dérives populistes ou des annonces précipitées. Cette controverse autour du SMIG met en lumière les défis de gouvernance auxquels la RDC est confrontée. Si l’objectif de protéger le pouvoir d’achat de la population est partagé, sa mise en œuvre doit se faire dans le respect des règles établies. À ce stade, l’attente reste vive parmi les Congolais pour une solution durable et équitable.
La rédaction de b-onetv.cd