Dans une démarche inédite, les évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) ont présenté leur plan de sortie de crise sécuritaire aux rebelles de l’Alliance Fleuve Congo (AFC) et du M23, lors d’une rencontre tenue à Goma, dans le Nord-Kivu.

Cette réunion s’inscrit dans le cadre des consultations nationales menées par ces deux grandes confessions religieuses dans le cadre du « Pacte social pour la paix et le vivre ensemble en RDC ». Après avoir échangé avec des figures de l’opposition à Kinshasa – notamment Martin Fayulu, Delly Sesanga et Matata Ponyo – les prélats ont jugé nécessaire d’étendre les discussions aux groupes armés. Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, a déclaré à Radio Okapi que le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, s’était montré ouvert à toute initiative susceptible d’aboutir au retour à la paix.
Si cette initiative a été saluée par certains acteurs de la société civile, elle divise la classe politique congolaise. Le parti au pouvoir, l’UDPS, rejette fermement toute idée de dialogue direct entre les églises et les rebelles, estimant que cela risquerait de légitimer leurs revendications et de fragiliser les efforts gouvernementaux déjà engagés pour restaurer la stabilité à l’Est du pays. Malgré ces critiques, le Révérend Éric Nsenga, secrétaire général de l’ECC, a défendu cette approche, soulignant qu’il était essentiel de discuter froidement avec tous les acteurs sur place, y compris ceux ayant pris les armes.
Lors de cette réunion, les représentants de la CENCO et de l’ECC ont lancé un appel fort pour l’unité nationale et ont exigé la fin immédiate des hostilités. Ils ont également plaidé pour la réouverture de l’aéroport et du port de Goma, soulignant l’importance de rétablir les infrastructures vitales pour relancer l’économie locale et normaliser la vie quotidienne.
Sur la question de la balkanisation de la RDC et de l’exploitation illicite des matières premières, les évêques affirment avoir reçu des réponses rassurantes de la part des rebelles : « Ils nous ont assuré qu’ils ne sont pas dans une dynamique de balkanisation ni dans celle de l’exploitation illégale des ressources minières », a confié un membre de la délégation.
Alors que les efforts de médiation se poursuivent, l’avenir de cette initiative reste incertain. Le gouvernement congolais poursuivra-t-il ses actions militaires contre ces groupes armés, ou acceptera-t-il d’intégrer ces discussions dans une dynamique de dialogue national ? En attendant, la CENCO et l’ECC réaffirment leur engagement en faveur de la paix et appellent toutes les parties prenantes à privilégier la négociation plutôt que les armes pour résoudre cette crise qui ensanglante l’Est du pays depuis des décennies.
La rédaction de b-onetv.cd